Gene Hackman, après la gloire de Hollywood l’écriture comme ultime évasion
Gene Hackman aura trouvé dans l’écriture une forme de liberté absolue. L’acteur américain à la carrière prolifique, retrouvé mort avec sa femme et son chien à son domicile mercredi 26 février, a consacré les dernières années de sa carrière à l’écriture. Trouvant dans la littérature, une manière de donner vie à des personnages qu’il n’a jamais pu interpréter devant la caméra.
En 2004, alors qu’il tournait le dos à Hollywood, Gene Hackman n’aspirait pas à une retraite paisible, pourtant bien mérité. Loin des projecteurs et du tumulte de l’industrie du cinéma, il a troqué les scripts pour les pages blanches. Son premier roman, Wake of the Perdido Star, publié en 1999, annonçait déjà cette transition naturelle. Dans ce roman coécrit avec l’archéologue des fonds marins Daniel Lenihan, il raconte l’histoire de Jack O’Reilly, un jeune homme de 17 ans qui, après avoir fui Cuba avec ses parents, embarque à bord du Perdido Star, un navire en route pour une nouvelle vie. Mais le voyage tourne au cauchemar lorsque le bateau est attaqué par des pirates. Jack se retrouve pris dans un engrenage de violence, de trahison et de survie en haute mer.
Wake of the Perdido Star n’est pas marqué par le succès mais il symbolise le début d’une amitié sincère entre ses deux auteurs. En 2004, ils publient leur deuxième roman, Justice for none, qui narre l’histoire d’un jeune fermier accusé à tort de meurtre dans l’Amérique rurale au début des années 1930. Le livre sert principalement à donner les opinions des auteurs sur un système judiciaire corrompu, les inégalités de classe et le traitement des vétérans militaires en Amérique.
« J’aurais seulement aimé commencer plus tôt. »
Gene Hackman à propos de l’écriture.
Gene Hackman et Daniel Lenihan partagent une véritable passion pour les récits d’aventures de Mark Twain, Herman Melville, Jack London et Ernest Hemingway. Après avoir tourné dans plus de 70 films, l’acteur aurait-il trouvé davantage de satisfaction dans l’écriture : « j’aurais seulement aimé commencer plus tôt », déclara-t-il au magazine Indy Week en 2008. Cette même année, leur troisième roman, Escape from Andersonville, livre le récit d’un capitaine de l’armée de l’Union qui s’échappe de l’enfer de la prison de la guerre civile. Une chose est une sûre, sa réception est bien plus discrète que ses films. « J’essaie de ne pas lire les critiques », a-t-il confié. « Hackman et Lenihan ne sont pas exactement des stylistes de prose, mais pour la plupart, leurs descriptions et leurs dialogues sont vifs, sans prétention et convaincants », estima le Chicago Tribune , dans un article publié en juillet 2008.
À 80 ans passés, le célèbre dur à cuire n’a plus rien à prouver et laisse derrière lui l’envie de plaire. En 2011, il publie Payback at Morning Peak, son premier roman solo aux aires de western dans le Nouveau-Mexique à la fin du XIXe siècle. Son dernier livre Pursuit, sur une policière du Missouri en mission pour résoudre une affaire non résolue de tueur en série, conclut très sobrement sa carrière littéraire. Une dernière page de l’imaginaire créatif de Gene Hackman. L’ensemble de son œuvre, en revanche, n’a pas fini de raconter son histoire dans le 7e art.