«Ça va très mal se terminer s’il ne part pas» : Jean-François Copé somme à nouveau Emmanuel Macron de démissionner

S’il n’a pas dévié de sa ligne depuis près d’un an, le tumulte politique des derniers jours n’a fait que conforter son raisonnement. Deux jours après la reconduction, dans la douleur, de Sébastien Lecornu à Matignon, Jean-François Copé n’entrevoit qu’une solution pour sortir de l’impasse politique. Invité ce dimanche du «Grand Jury» RTL-Le Figaro-M6-Public Sénat, le maire LR de Meaux a de nouveau appelé Emmanuel Macron à démissionner, persuadé, au moment où le couple exécutif peaufine en coulisses sa future équipe - attendue en début de semaine prochaine -, qu’«il n’y a pas de solution dans un nouveau gouvernement minoritaire».

Car, pour Jean-François Copé, ces nouvelles nominations s’apparenteront à un énième coup d’épée dans l’eau. «Sous la Ve République, les choses fonctionnent remarquablement dès lors qu’il y a un président et une majorité absolue. S’il n’y a pas de majorité absolue à l’Assemblée, plus rien ne fonctionne, y compris au niveau présidentiel», a argumenté l’ancien patron de l’UMP (devenu Les Républicains), se désolant d’un «système politique» devenu «dysfonctionnel». Pas question, toutefois, de se «précipiter». Raison pour laquelle il somme Emmanuel Macron de «programmer un départ au lendemain des municipales», prévues en mars 2026, les maires étant, selon lui, «le seul lieu de stabilisation de la République en ce moment».

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Le chef de l’État entend pourtant présider jusqu’à la dernière minute, malgré les appels de plus en plus pressants en faveur d’un départ anticipé, allant de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par son ancien premier ministre Édouard Philippe. La prise de position de ce dernier a d’ailleurs semé du trouble au sein même du bloc central et parmi l’électorat modéré, comme le reflète le dernier baromètre d’opinion Ipsos-BVA pour La Tribune Dimanche où la popularité du maire du Havre (Seine-Maritime) chute. «Ça va très très mal se terminer s’il ne part pas, c’est impossible de tenir comme ça jusqu’en mai 2027», pronostique Jean-François Copé, mettant en garde contre «une crise des marchés extrêmement violente» en cas de choix d’Emmanuel Macron de rester à l’Élysée jusqu’au terme de son mandat, fixé dans dix-huit mois.

Quid de la droite ?

Qu’en est-il de la participation de la droite au gouvernement Lecornu 2 ? Alors que LR a acté, ce samedi lors d’un bureau politique, de ne pas y participer - s’engageant seulement à apporter «un soutien texte par texte» à l’exécutif -, cette question a rouvert des fractures internes au sein du mouvement, sur fond de rivalités entre Bruno Retailleau, président des Républicains et ministre de l’Intérieur sortant, partisan, comme les sénateurs, d’un retrait du gouvernement, et Laurent Wauquiez, patron des députés LR, chantre, comme ses troupes, d’un maintien. Une prise de position surprenante de la part de l’élu de Haute-Loire, lui qui défendait l’inverse il y a tout juste une semaine, quelques heures avant la formation du premier gouvernement Lecornu.

De quoi raviver au grand jour la bataille que les deux hommes s’étaient déjà livré au printemps pour la tête du parti. «J’ai vu des oppositions très fortes, avec horreur se reproduire des divisions d’une violence anormale, s’est lamenté Jean-François Copé. C’est tout ce qu’on redoute dans ce contexte à un moment où LR commençait à redonner un espoir aux Français qui votent à droite.» L’occasion de décocher plusieurs flèches contre le président des Républicains, en dépit du soutien qu’il lui avait apporté lors de la campagne pour la présidence de LR, mais qu’il juge aujourd’hui trop recentré sur ses proches. «L’heure est plutôt à élargir qu’à rétrécir à autre chose que sa propre tradition politique», a-t-il indiqué, tout en appelant son camp à «clarifier» certains «débats», tactiques mais aussi de fond.