Prix, premiers jeux... Nintendo détaille sa console Switch 2, qui sortira le 5 juin
Après la mise en bouche, le plat de résistance. Près de trois mois après avoir révélé le nom et le design de sa future console Switch 2, le géant japonais Nintendo vient de lever le voile, durant une conférence d’une heure diffusée sur Internet, sur les informations attendues par les fans de la marque : sa date de sortie, fixée au 5 juin, et, surtout, les jeux vidéo qui accompagneront ce lancement. Outre les gamers, cette nouveauté canalise tous les espoirs de l’industrie du jeu et de la distribution spécialisée. Cette console visant un large public a en effet le potentiel de redonner un coup de fouet salvateur à un marché du jeu vidéo au mieux atone (comme aux États-Unis), ou au pire en recul, comme en France (-5,8%) et le reste de l’Europe.
Elle a aussi la lourde tâche de succéder à la Switch première du nom, qui fait la fortune de Nintendo depuis sa sortie en 2017. Ecoulée à 150 millions d’exemplaires, il s’agit de la deuxième meilleure performance de l’histoire du groupe japonais, juste derrière la portable Nintendo DS (154 millions), parue au début des années 2000.
La Nintendo Switch 2 sera vendue au tarif de 469 euros. Un prix à comparer aux 329 euros de la Switch 1 à sa sortie en 2017, ou aux 449 euros de la PlayStation 5 de Sony. Parue en 2020, cette dernière reste bien plus puissante que la nouvelle Switch 2. Mais il faut rappeler que depuis ses débuts dans les jeux vidéo dans les années 1980, Nintendo n’a jamais participé à la surenchère technologique qui règne dans ce secteur du divertissement.
Des jeux allant jusqu’à 90 euros
Les points différenciants du groupe de Kyoto ont toujours résidé dans l’ingéniosité de ses machines, et dans le soin apporté à ses licences fortes, capables de s’adresser aux 7 à 77 ans. Un seul chiffre illustre ce poids. La marque Mario et ses multiples déclinaisons sur la console Switch 1 (Super Mario Odyssey, Mario Kart 8, Super Mario Party, Super Mario Wonder, Super Mario 3D World...) représente 180 millions d’exemplaires vendus depuis 2017.
C’est donc sans surprise que la Switch 2 sera escortée le jour de son lancement par un nouvel opus du jeu de course Mario Kart. Nommé Mario Kart World, il sera entièrement en «monde ouvert», et 24 joueurs pourront s’affronter simultanément en ligne.
Parmi les autres jeux présentés par Nintendo se trouvent la suite du jeu d’action Hyrule Warriors, situé dans l’univers de Zelda, mais aussi Kirby Air Riders, prévus plus tard dans l’année. On retrouvera enfin la mascotte Donkey Kong dans une nouvelle aventure, Donkey Kong Bananza, disponible le 17 juillet. Le tarif de ses jeux est élevé : 90 euros pour Mario Kart World, et 80 euros pour Donkey Kong Bananza. Il faut compter dix euros de moins pour les version digitales.
De Sega à Warner en passant par Ubisoft, les éditeurs internationaux et leurs grandes licences répondent aussi présents, signe de la confiance de l’industrie dans cette console. Le japonais From Software (Elden Ring) a même révélé un jeu inédit, The Duskblood, qui sortira en 2026 en exclusivité sur Switch 2. Des titres de la Switch 1, comme Zelda Breath of the Wild ou Mario Party Jamboree, seront, eux, vendus en version augmentée (meilleurs graphismes, modes de jeux supplémentaires...).
L’urgence de ne surtout rien changer
Ces titres auront la responsabilité de convaincre le consommateur du bien-fondé de passer à la génération supérieure de la Switch. Le groupe japonais a en effet fait le choix de la sécurité en misant sur une rassurante continuité plutôt que sur la rupture. Il est pourtant dans son ADN de faire des choix osés et à contre-courant. Le «motion gaming» (contrôler son héros en mimant des mouvements plutôt qu’en appuyant sur des boutons) et le double écran tactile ont été le terreau du succès fulgurant des consoles Wii et DS dans les années 2000. Elles étaient pourtant techniquement bien inférieures aux machines rivales Xbox 360 (Microsoft) ou PSP (Sony).
Mais cette audace a aussi valu à Nintendo de cuisants échecs. Le géant de Kyoto a résisté dans les années 90 aux charmes des formats CD puis DVD au profit de la cartouche (Nintendo 64) puis du mini-disque (Gamecube). La WiiU, au concept compliqué (la manette de jeu servait aussi de tablette), a signé le pire flop de la compagnie : seulement 13 millions de ventes entre 2013 et 2017. Avec une trésorerie de près de 15 milliards d’euros, Nintendo a les reins solides. Mais une sortie de route aurait de quoi fâcher les marchés, alors que la valeur de l’action a été multipliée par 5 depuis la sortie de la Switch première du nom... pour une valorisation de 86 milliards d’euros au 1er avril.
On comprend dès lors qu’il soit urgent de ne surtout rien changer. La Switch 2 semble pensée pour ne pas bousculer les 127 millions d’utilisateurs actuels de Switch 1, qui ont acheté un total de 1,3 milliard de jeux en sept ans. Ces derniers fonctionneront sur la Switch 2, en format physique comme au format numérique. L’aspect de la console est identique, tout comme sa manette, ou le principe de pouvoir jouer en mobilité comme sur une télévision. Même les visuels marketing sont similaires. Certains y voient une similarité avec l’univers des smartphones, où chaque nouvelle itération est un peu plus puissante que la précédente.
L’une des nouveautés de la console est «GameChat», ou la possibilité de discuter en ligne avec ses amis, également connectés à leur Switch 2 depuis chez eux. Les discussions peuvent se faire à l’oral grâce à un micro intégré à la machine, ou en vidéo avec une caméra vendue séparément. La manette peut aussi se transformer en souris pour certains jeux.
Mais la véritable différence avec l’époque du lancement de la première Switch réside dans la résolue volonté de Nintendo de faire rayonner son royaume en dehors du territoire des consoles. Ouverture d’un musée à sa gloire à Kyoto ; attractions dédiées à Mario ou Donkey Kong dans les parcs Universal Studios au Japon, États-Unis et Singapour ; déclinaisons des franchises Mario et bientôt Zelda sur grand écran ; créations de boutiques, éphémères ou non, regorgeant de produits dérivés... tout est bon pour multiplier les points de contact avec le grand public. Le groupe a aussi récemment sorti un réveil-matin connecté aux couleurs de ses grandes sagas (Nintendo Alarmo), un service de streaming musical (Nintendo Music) et une application de calendrier (Nintendo Today!). Ces diversifications pèsent toutefois moins de 10% du chiffre d’affaires total du groupe.