Gestion de l'eau : Greenpeace France dénonce une mainmise des "lobbies agro-industriels" qui profite à "une minorité d'agriculteurs"
Dans un rapport publié jeudi 13 février et dévoilé par France Inter, Greenpeace France dénonce la mainmise des "lobbies agro-industriels" sur la gouvernance de l'eau, un système qui "continuera de profiter à une minorité d'agriculteurs" si aucun "encadrement strict de la gestion de l'eau" n'est mis en place. Dans ce rapport, Greenpeace livre au gouvernement six recommandations.
Alors que l'irrigation représente actuellement en France plus de 46% de l'eau consommée, le rapport de l'ONG environnementale pointe "comment ces lobbies agricoles arrivent à manipuler la gestion de l'eau au profit d'une minorité de céréaliers irrigants", dénonce sur France Inter Suzanne Dalle, chargée de campagne Agriculture chez Greenpeace. Et ce, avec "la complicité de l'État".
L'État "complice"
Des investigations ont été menées par Greenpeace sur deux bassins français, Adour-Garonne et Loire-Bretagne. "Ces investigations (...) mettent en lumière comment les failles de la gouvernance de l’eau sont habilement exploitées par les acteurs de l'agro-industrie pour maintenir leurs privilèges avec la complicité de l’État", accuse, dans le rapport, Suzanne Dalle.
"Un arsenal de stratagèmes est déployé, engendrant une forme de 'privatisation' de l’accès à la ressource en eau", ajoute-t-elle, appelant à ce que la gestion de l'eau soit "encadrée pour être plus transparente et limiter les conflits d’intérêts néfastes". Elle pointe, par exemple, le "phénomène de double-casquettes" dans les instances locales de gouvernance, avec des élus locaux qui sont aussi "agriculteurs, fils d'agriculteurs ou retraités agricoles."
En fin de rapport, l'ONG formule six recommandations au gouvernement : "Encadrer le risque de conflits d'intérêts", "accroître la transparence et l'exemplarité des instances locales de gouvernance", "donner aux enjeux écologiques une place centrale dans la mission d'intérêt général des préfets", "renforcer la pluralité et la représentativité des représentants agricoles", "redonner les moyens d'agir aux agences et services de l'État" et "sanctionner les violences commises sur des militantes et militants écologistes ainsi que sur des agents publics".