En Syrie, les rebelles prennent la ville de Hama

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Un combattant antigouvernemental se bouche les oreilles alors qu’un lance-roquettes à plusieurs canons tire contre les forces du régime, dans la banlieue nord de la ville de Hama, dans le centre-ouest de la Syrie, le 4 décembre 2024. BAKR AL KASSEM / AFP

Après Alep la semaine dernière, la ville est la seconde à tomber dans l’offensive éclair des islamistes radicaux.

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Les rebelles se sont emparés jeudi de la ville de Hama, s’offrant une nouvelle victoire majeure dans leur offensive éclaire lancée fin novembre. Les troupes syriennes qui avaient promis de défendre la ville assiégée sur trois côtés depuis lundi se sont finalement repliées, après deux jours d’intenses combats, « pour préserver la vie des civils et éviter des combats urbains ». Une explication difficile à croire venant d’une armée peu habituée à prendre en compte ce genre de considérations.

La coalition de rebelles emmenés par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), l’ancienne branche d’al-Qaida en Syrie, a dit avoir pris la prison centrale et libéré des prisonniers. Des images diffusées sur les réseaux sociaux ou sur la chaîne al-Jazeera, montrent des miliciens sur les véhicules militaires sur les ronds-points salués par la foule. Ces mêmes images laissent entrevoir des chars, des camions ou des canons, détruits ou abandonnés, le long de l’autoroute qui relie Hama à Alep, signe des lourdes pertes de l’armée loyaliste. La grande ville du Nord est tombée aux mains du HTC et de ses alliés la semaine dernière, peu de temps après l’attaque partie du bastion islamiste d’Idlib le 27 novembre.

Clé vers Homs

La chute de Hama représente un revers sévère pour Damas alors que cette ville est toujours restée sous le contrôle du régime depuis le début de la guerre civile en 2011. D’un point de vue tactique, l’avancée au sud vers Hama qui se situe au tiers de la distance entre Alep et la capitale, donne une idée de la vitesse du raid rebelle vers le sud. Pour l’aspect stratégique, la cité est une clé vers Homs, à 45 kilomètres, la grande ville du centre, carrefour entre les régions les plus importantes de Syrie.

Hama sert aussi de porte vers Muhrada et Salamiyya, bastion des minorités chrétiennes et ismaéliennes. L’ONG Human Rights Watch (HRW) s’est alarmée des risques pour les civils, alors que les belligérants ont été accusés de violations des droits humains.

Dans une vidéo diffusée jeudi, le chef de HTC, Abou Mohammed al-Joulani, a tenté de rassurer, appelant à la tolérance et promettant qu’il n’y aurait « pas de vengeance ». Hama devrait pour sa part s’accommoder des islamistes radicaux, la ville ayant été souvent victime de la dynastie el-Assad. En 1982, des manifestations conduites par les Frères musulmans avaient été matées au prix de 10 000 morts.

Hezbollah très affaibli

Le succès militaire de la coalition rebelle s’est noué dans l’affaiblissement soudain de plusieurs alliés du président syrien Bachar el-Assad. Le Hezbollah libanais, décapité par Israël et occupé au Liban, a rapatrié certaines de ses troupes tandis que le parrain iranien est affaibli. Les difficultés de l’armée syrienne rejaillissent sur le contingent de l’allié russe, en prise de son côté avec sa guerre en Ukraine.

La Turquie de son côté nie, sans vraiment convaincre, tout soutien à cette rébellion islamiste radicale.

« Les forces de l’opposition qui progressent actuellement vers le sud se heurteront probablement à un obstacle quelque part dans le centre de la Syrie, lorsqu’elles rencontreront une résistance loyaliste véritablement motivée et intransigeante », estime toutefois Sam Heller, analyste à la Century Foundation.