PSG : Barcola, le coup de moins bien
De grand espoir à grand joueur, il y a un parfois un gouffre. Celui que Bradley Barcola n'a pas encore franchi. «C'est un jeune joueur, il a des étapes à franchir. Après, vous le mettez en lumière, forcément, Kylian n'est plus là, c'est le PSG, et de par ce qu'il fait, évidemment, il mérite ces louanges parce qu'il fait des choses très intéressantes. À confirmer», glissait Didier Deschamps, après le but de l'intéressé contre l'Italie (1-3). Et d'ajouter : «Sa capacité à éliminer, à faire des différences, il l'a toujours eue. S'il a ce ratio d'efficacité en plus… Mais ça passe par des étapes. Il est dans une progression constante, avec un potentiel qui est énorme». Des commentaires qui intervenaient après le début de saison tonitruant de l'ancien Lyonnais. Quatre buts en trois matchs avec Paris et, on l’a dit, un autre en équipe de France. Carton plein.
Depuis, c'est le coup de la panne. Pas de but ni de passe décisive. Mais surtout une impression d'impuissance. Coup de pompe physique ? Possible. Il y a surtout des raisons tactiques. Outre le fait que Nuno Mendes ne vient que rarement l'épauler, un choix tactique de Luis Enrique, Barcola est désormais «scouté» par les staffs adverses. À l'image de son match contre l'Italie, brillant lorsqu'il était souvent en un contre un en début de partie, beaucoup moins par la suite, quand il a régulièrement dû faire face à deux joueurs et à un bloc plus bas, il n'a pas encore trouvé la clé. La rançon de la gloire. Il fait désormais l'objet de l'attention réservée au très bons. «Bradley a la capacité d'éliminer, même face à deux adversaires. Mais quand l'équipe d'en face est aussi basse, c'est plus difficile», convenait le sélectionneur, toujours après ce match de reprise face aux Italiens, au Parc des Princes. Évidemment, quand certains de ses partenaires l'oublient alors qu'il est seul face au but, comme Ousmane Dembélé contre Gérone (1-0), ça n'aide pas…
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Sous bonne garde
Inquiétant ? Pas forcément. Ce n'est pas simple de franchir ce dernier palier et de faire l'objet d'autant d'attention des défenseurs adverses. Il devra s'y faire. Il a les qualités pour. «Comment le protéger ? On le protégerait s'il n'y avait pas de journalistes, s'amusait encore récemment Luis Enrique. Après Newcastle, on disait qu'il n'était pas prêt pour la C1… Notre chance, c'est qu'il est très équilibré, humble, avec des valeurs familiales, ça lui a par exemple permis de gérer cette période délicate après Newcastle, avec calme, sans problème. Et maintenant, c'est le meilleur joueur du monde ? Il s'est amélioré. Il y aura des hauts et des bas au fil de la saison. La presse veut du blanc ou du noir, mais ce n'est pas la vie, il y a beaucoup de nuances de gris. On est très calme», assurait encore le technicien espagnol en conférence de presse, un exercice dont il se passerait d’ailleurs bien, quitte à rogner sur son salaire. Et d'ajouter, ironique : «Tout le monde l'idolâtrait il y a deux semaines…».
À noter qu’il n’y a pas que Barcola qui est moins brillant depuis le retour de la dernière trêve internationale. C’est tout le PSG qui est dans ce cas, avec deux matchs difficiles en termes de contenu face à Gérone et à Reims (1-1). «C’est la vie», s’est amusé le coach parisien jeudi, à la veille de la réception de Rennes, ce vendredi (21h), lors de la sixième journée de Ligue 1. Dernier arrêt avant un test grandeur nature face à Arsenal, mardi prochain (21h), à l’occasion de la deuxième levée de Ligue des champions. Barcola a besoin de se retrouver, mais Paris voudra éviter les doutes avant de défier les Gunners.
Toujours est-il que certains ont même imaginé, un peu vite, que le successeur de Kylian Mbappé était déjà trouvé. «Je suis content (de lui) mais je ne fais pas de comparaison», a éludé Luis Enrique. Rappelons que le natif de Lyon n'avait été que très peu utilisé à l'OL avant la Coupe du monde 2022. 24 matchs, 7 buts et 10 passes décisives sur la deuxième partie de cette campagne, avant un transfert à 50 M€ à l'été 2023 et une première saison parisienne à 5 buts et 9 passes en 42 matchs. À l'image de ses prestations remarquées à l'Euro 2024, avec les Bleus, le néo-international est sur la pente ascendante. Il n'a pas peur des grands rendez-vous. Et son attitude est tout simplement irréprochable. Il ne se cache pas. Reste à concrétiser.
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Quand il aura des matchs où il ne marquera pas, il ne faudra pas venir me poser les mêmes questions pour me dire que c'est un nul.
Luis Enrique
En bon capitaine, Kylian Mbappé avait préventivement volé à son secours, devinant que la suite ne pouvait pas être toute rose. «Je suis content pour lui parce qu'avant d'être un très bon joueur, c'est un très bon garçon. Donc je lui souhaite le meilleur, avait-il dit en septembre. J'espère aussi que vous allez l'épargner parce qu'aujourd'hui, c'est frais, c'est nouveau, donc c'est super, mais quand il aura des matchs où il ne marquera pas, il ne faudra pas venir me poser les mêmes questions pour me dire que c'est un nul. C'est un très bon garçon, un très grand potentiel, il est dans un grand club, au sein duquel il pourra évoluer, progresser, jouer de grands matchs. Tout ce que je lui souhaite, c'est de continuer comme ça et de faire encore mieux, parce qu'il peut faire encore mieux. Mais ce qu'il fait, c'est top. En match, il prend beaucoup plus de confiance, il a confiance en son football et ses coéquipiers ont confiance en lui. C'est une super nouvelle pour lui, le PSG et l'équipe de France» assurait-il.
Une chose est sûre : il est trop tôt pour demander à Barcola de prendre un club comme le Paris Saint-Germain sur ses jeunes épaules. Et encore plus de le comparer à Kylian Mbappé, auteur d'une saison à 44 buts en 2023-24 alors qu'il n'était, on le sait, pas vraiment dans les meilleures dispositions. Ce n'est ni juste, ni réaliste. Pas plus que d'en faire le patron parisien d’ailleurs.
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Leader... sur le terrain
L'un de nos confrères de TF1 lui voyait cet avenir après France-Italie. Didier Deschamps l'a renvoyé dans ses 22. «Est-ce qu'il en a envie ? Je ne pense pas non plus… Vous savez, il y a des leaders sur le terrain, c'est à travers le jeu. Bradley, je le connais quand même, même s'il est avec nous depuis pas si longtemps, de par son caractère et sa personnalité, lui, c'est à travers ce qu'il se passe sur le terrain. Après, vous pouvez utiliser les termes que vous voulez, patron, ce n'est pas grave. Le plus important, c'est qu'il soit bien et qu'il continue», avait indiqué «DD». Sans se prendre pour un autre, sans en faire trop, Barcola doit simplement reprendre son chemin. Il mène au succès.