«Ça a été un choc» : un arbre funéraire volé en Loire-Atlantique, les proches du défunt dans l’incompréhension
L’emplacement de la sépulture d’Hubert Martin tenait de l’évidence. Elle s’est imposée sans l’ombre d’un doute à sa famille, au lendemain du décès, en avril 2024, de cette «force de la nature», disparue à 88 ans. Natif de Missilac, dans le nord de la Loire-Atlantique et du parc national de Brière, ce boucher reconverti dans la soudure, aux Chantiers navals de Saint-Nazaire, s’était pris d’affection pour la sérénité des Landes de la Couette. Petit bois privé, propriété de la famille, «la Couette» avait été le théâtre, au cours des décades écoulées, d’innombrables promenades et de mémorables parties de chasse. Le lieu a été retenu par ses proches pour accueillir les cendres du défunt, quelques jours avant la Toussaint. Un petit arbre exotique, un ginkgo biloba, a été planté près d’un ruisseau et les cendres dispersées autour de la plante funéraire, au milieu d’une danse de pétales de dahlias. L’harmonie de ce monument naturel n’a pas duré. La sépulture a été profanée deux semaines plus tard - et le ginkgo biloba dérobé.
«Ça a été un choc», témoigne Cécile Martin-Fréour. Le 15 novembre, la fille d’Hubert Martin se rendait au fond du bois de la Couette pour protéger le lieu de repos de son père. Son oncle lui avait soufflé l’idée d’entourer le ginkgo biloba d’un dispositif qui le protégerait des chevreuils. Symbole de longévité et de résilience, l’arbre, pourtant, avait disparu, laissant une trace béante au milieu des restes de cendre et de dahlias qu’on apercevait encore sur le sol forestier. «Je me suis effondré, j’étais complètement estomaqué. Il n’y avait plus rien. Tout était parti», se remémore Cécile Martin-Fréour, qui a dû trouver le courage d’annoncer la nouvelle à sa mère, habitante de Missilac. Puis l’effarement a laissé place à l’incompréhension. Qui pouvait bien en vouloir à son père ? Et quelle façon d’être humain pouvait s’en prendre à un arbre planté sur un lieu de recueillement ?
«Des personnes malveillantes»
La famille a déposé plainte le lendemain pour «violation de sépulture». Les suspects auraient agi entre le 11 et le 15 novembre. Ils demeurent aussi innombrables qu’insaisissables. Les Landes de la Couette ont beau être un bois privé, la forêt n’est ni fermée ni protégée des visiteurs. Hubert Martin en avait décidé ainsi. «Il y a du monde à passer à la Couette, mais les gens ne font pas de mal», avait l’habitude de dire cet amoureux de la nature qui ne souhaitait pas priver autrui de cet écrin de verdure. Aussi, le site naturel est arpenté aussi bien par des promeneurs du voisinage, des touristes occasionnels, des cavaliers ainsi que par des chasseurs, qui savent y dénicher bécasses et chevreuils. Trois mois après les faits, l’enquête ouverte par la gendarmerie de Pontchâteau est au point mort. Les riverains du bois n’ont rien vu. Les sociétés de chasse n’ont rien entendu. Et la famille, plus désemparée que jamais, peine toujours à comprendre ce qui a bien pu se passer.
À lire aussi Université de Nantes : tags «anti-France» et dégradations après une fête sauvage, plusieurs plaintes déposées
«On ne s’attendait pas du tout à cela, relève Cécile Martin-Fréour. L’arbre n’était pas caché, il se trouvait le long du sentier de promenade du bois ; on voyait très bien qu’il s’agissait d’un lieu spécial». Malgré sa taille modeste - 1,60 mètre -, le ginkgo biloba a dû être transporté par au moins deux personnes, assure-t-elle, en avouant ne pas saisir ce qui a pu motiver les voleurs. Achetée pour près de 250 euros, la plante ne présente pas de grande valeur commerciale. S’agissait-il d’un simple coup de foudre esthétique ? À moins qu’il ne faille y voir qu’un acte de vandalisme gratuit. «Ce sont des personnes malveillantes», tranche Cécile Martin-Fréour, qui ne désespère pas encore, malgré tout, de retrouver l’arbre funéraire planté à la mémoire de son père après d’éventuels remords des individus impliqués.
Entre-temps, la famille d’Hubert Martin a installé un panneau d’information sur la sépulture violée. «Papa, papy, Hubert, nous avions planté cet arbre en souvenir. En souvenir de toi, de nous, de nos moments partagés. Il avait vocation a être un lieu de recueillement (…) Ce lieu a été profané», indique le texte affiché désormais en lieu et place du ginkgo biloba. L’idée de fermer le bois au public a traversé l’esprit de la famille Martin-Fréour. À Missilac, les landes de la Couette resteront néanmoins ouvertes aux promeneurs. Par fidélité au souhait de son dernier gardien.