En 2023, 566 000 passages aux urgences pour motif psychiatrique ont été recensés, soit une hausse de 21 % depuis 2019. C’est le lourd constat du rapport de la mission d’information sur la prise en charge des urgences psychiatriques présenté ce mercredi par les députées et co-rapporteuses Sandrine Rousseau (EELV) et Nicole Dubré-Chirat (Renaissance).
Les urgences, déjà engorgées, le sont aujourd’hui majoritairement sur le terrain psychiatrique alors même qu’elles n’ont pas vocation à accueillir les patients concernés. Mais ces personnes en détresse, de plus en plus nombreuses, poussent la porte des urgences en raison d’une « offre de soins inégale, insuffisante et trop complexe », et d’une dégradation rapide de la santé mentale depuis la fin de l’année 2020, notamment chez les plus jeunes.
La surreprésentation des jeunes filles
« Les hospitalisations liées à des tentatives de suicide ou à de l’automutilation ont progressé de 133 % depuis 2020 chez les jeunes filles âgées de 10 à 19 ans », alerte Sandrine Rousseau. Le chiffre est encore plus inquiétant en comptant depuis 2008, avec une hausse de 570 %.
Du côté des jeunes garçons, le passage à l’acte est « souvent plus violent et ils vont jusqu’au bout », précise Nicole Dubré-Chirat. Le rapport pointe également une hausse des prescriptions d’antidépresseurs, où les filles représentent 62 % des jeunes gens de 12 à 25 ans sous psychotropes. Au total, jeunes filles et garçons confondus constituent le premier public des urgences psychiatriques : en 2023, un tiers des passages aux urgences pour ce motif concernaient les mineurs.
La pédopsychiatrie au cœur des recommandations
« La France manque de dispositifs de prévention et de détection précoce des troubles », mesure Sandrine Rousseau. Le soutien à la pédopsychiatrie et à la santé mentale des jeunes est donc au cœur des recommandations du rapport. Elles impliquent naturellement une « offre de soins pédopsychiatriques homogène et adaptée », aujourd’hui difficile à atteindre face à un « état d’effondrement de la pédopsychiatrie », souligne la députée écologiste.
Car près de 1 000 médecins officient actuellement comme pédopsychiatres, dont certains qui ne s’y consacrent pas pleinement, face aux besoins également criants en psychiatrie adulte. « La pénurie en psychiatrie est partout », alertent les deux députées. Elles proposent donc de porter une loi-cadre transpartisane qui devrait être déposée « très prochainement ».
L’ambition ? Mettre en place les 21 recommandations du rapport. L’un des chantiers prioritaires reste celui de la prévention et de la facilitation de l’accès aux soins, dès les premiers besoins. Car la hausse des troubles psychiatriques et leur inscription dans la durée tiennent beaucoup au fait que de très nombreux patients sont contraints d’attendre, précisément, d’être dans l’urgence pour accéder à des soins. Les deux députées proposent notamment de renforcer la médecine scolaire et invitent à « faire de la santé mentale et de la psychiatrie périnatale un axe de la grande cause nationale ».
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