L’antisémitisme continue de déchirer le Royaume-Uni et sa classe politique. Deux ans jour pour jour après le massacre du 7 octobre, plusieurs organisations étudiantes ont appelé à manifester pour Gaza. Une posture que le premier ministre britannique, Keir Starmer, juge indécente. Dans une lettre ouverte publiée lundi sur le site du Times, ce dernier a appelé les étudiants à la retenue. Et s’est alarmé de la «haine croissante» à l’égard de la communauté juive.

«Pendant trop longtemps, notre pays a été trop indifférent à l’antisémitisme» a déploré le premier ministre. Et de pointer une instrumentalisation du conflit israélo-palestinien : «alors que certains ont exercé leur liberté de protester contre les actions du gouvernement israélien à Gaza, d’autres ont utilisé ce prétexte abject pour attaquer les Juifs britanniques pour un fait dont ils n’ont absolument aucune responsabilité.» En ce jour de commémoration des 1219 victimes et 251 otages du Hamas, il n’est «pas britannique d’avoir si peu de respect» pour la communauté juive, a déclaré Keir Starmer, très inquiet de la «banalisation quotidienne de l’antisémitisme».

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Manifestations de soutien à la Palestine

Malgré ces avertissements, plusieurs centaines d’étudiants ont défilé ce mercredi, de Londres à Édimbourg, rapporte le Telegraph . Samedi dernier, la police londonienne a arrêté près de 500 personnes lors d’une manifestation en soutien à «Palestine Action», une organisation que le gouvernement a classé comme terroriste après des actes de vandalisme sur une base de l’armée de l’air à Brize Norton.

La manifestation, rapporte la BBC, avait eu lieu malgré les appels de Keir Starmer à «respecter le deuil des Juifs britanniques», deux jours après l’attaque antisémite de Heaton Park, au nord de Manchester. Avant d’être abattu, le terroriste, Jihad al-Shamie, avait tué deux fidèles de la synagogue de Heaton Park, en blessant trois autres grièvement. La police britannique a indiqué que le terroriste a été influencé par «l’idéologie islamiste extrémiste».

«Extirper le poison» de l’antisémitisme

Face à la recrudescence de l’antisémitisme, le gouvernement travailliste joue sa crédibilité. En 2020, l’ex dirigeant du Labour, Jeremy Corbyn, avait été suspendu par son parti après la publication d’un rapport interne pointant son inaction face à l’antisémitisme. Successeur de Corbyn, Keir Starmer s’était engagé à «extirper le poison » de l’antisémitisme, lors de son discours d’intronisation à la tête du Labour.

Mais les esprits sont toujours à vif, alors que la communauté juive britannique déplore une recrudescence d’attaques à son encontre. Au cours des six premiers mois de 2025, le Royaume-Uni a enregistré le deuxième nombre le plus élevé d’incidents antisémites depuis le début des relevés du Community Security Trust (CST), une association juive britannique.

«Financer la sécurité des écoles et des synagogues juives»

Cette tendance nourrit les contestations du gouvernement travailliste, sommé d’agir face à la montée de la haine antijuive. Vice-premier ministre du Royaume-Uni et Secrétaire d’État à la Justice, David Lammy a été hué à la veillée de commémoration des victimes de l’attaque de Manchester. Conscient des remous, le premier ministre a tenu à défendre son bilan. «Nous continuerons de financer la sécurité des écoles et des synagogues juives».

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Il a également annoncé que son gouvernement comptait légiférer, accordant à la police «de nouveaux pouvoirs afin de lutter contre les manifestations répétées». «Nous n’entraverons pas le droit de manifester, mais nous devons veiller à ce qu’elles ne continuent pas à semer la haine et la division» a-t-il conclu.