«La Poésie n'était au premier âge qu'une Théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu'ils ne pouvaient comprendre», lit-on dans l’Abrégé de l'art poëtique françois (1565) de Ronsard (1524-1585). Avec le chef de file de la Pléiade s'affirme l'idée qu’elle est un gage d'immortalité. Aussi lui doit-on une révolution poétique française qui, acclimatant à la langue tous les genres et formes de l’Antiquité, fait date. Que nous reste-t-il de la langue du prince des Poètes ?
*Mireille Huchon est professeur de l'université Paris-Sorbonne, membre de l'Institut universitaire de France, éditrice de La Pléiade dans la Bibliothèque de la Pléiade .
LE FIGARO. - En quoi Ronsard a-t-il rompu avec les codes poétiques de son époque ?
Mireille HUCHON. - Ronsard est célèbre pour avoir introduit en français des formes poétiques à l'imitation de l'Antiquité, telles les odes de Pindare. Dès ses premières publications…