«Des paroles indignes» : l’avocate de la sœur de Samuel Paty interpelle la députée Nathalie Oziol après ses propos polémiques

La députée de La France insoumise (LFI) Nathalie Oziol se retrouve au centre d’une vive controverse après la diffusion d’une vidéo dans laquelle elle refuse de qualifier l’assassin de Samuel Paty de «fanatique musulman». Des propos qui ont suscité l’indignation de la famille du professeur décapité en 2020, et une mise en garde sévère de leur avocate.

Dans un article publié le 5 novembre, Libération révèle les déclarations de la députée de l’Hérault lors d’un entretien filmé, en juin dernier, avec un militant montpelliérain proche de LFI. Interrogée sur une boucle WhatsApp intitulée «Oumma Montpellier» — un groupe se revendiquant de la communauté musulmane et ayant soutenu les candidats insoumis aux élections européennes —, Nathalie Oziol estime qu’il n’était «pas juste» d’affirmer, «comme le maire de Montpellier» Michaël Delafosse, que le meurtrier de Samuel Paty était un «fanatique musulman». Selon elle, «ce n’est pas une question de religion, mais de moyens, de hiérarchie, de la manière dont le gouvernement considère l’Éducation nationale».

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Ces propos, largement relayés sur les réseaux sociaux, ont immédiatement provoqué un tollé. L’enquête avait pourtant établi qu’Abdoullakh Anzorov, l’assassin du professeur d’histoire-géographie, avait revendiqué son acte au nom du prophète et diffusé des messages islamistes avant de passer à l’acte. Face à la polémique, la députée insoumise a d’abord dénoncé un «mensonge» de la journaliste Charlotte Belaïch, auteur de l’article, avant que Libération ne publie la vidéo intégrale de l’entretien, confirmant ses déclarations.

«Des propos indignes d’une représentante de la Nation»

Jeudi, maître Carine Chaix, avocate de Mickaëlle Paty, la sœur du professeur, a publié en réponse un communiqué cinglant. Elle reproche à l’élue «des propos indignes d’une représentante de la Nation» et un «refus de nommer l’idéologie islamiste» qui a coûté la vie à son frère. «L’islamisme n’est pas une opinion, mais une idéologie religieuse meurtrière fondée sur une lecture fanatique de l’islam», écrit-elle, avant de rappeler que le «fanatisme musulman», qu’elle refuse de nommer «par clientélisme, aveuglement ou ignorance a un nom : une doctrine, des relais et des victimes».

«Vous soutenez, Madame, qu’il ne faudrait pas "stigmatiser" les fanatiques musulmans. Mais les qualifier ainsi n’est pas une stigmatisation : c’est un devoir de lucidité», poursuit Carine Chaix, déplorant qu’à entendre la députée insoumise, «l’assassin de Samuel Paty ne serait ni un fanatique ni un musulman».

L’avocate indique par ailleurs que Mickaëlle Paty lui a demandé d’examiner les propos de la députée sous l’angle du délit d’apologie du terrorisme, en vue d’une éventuelle plainte. «Refuser de nommer l’idéologie islamiste, c’est abandonner ceux qu’elle menace», ajoute-t-elle, en exhortant les responsables politiques à la «lucidité» face à la radicalisation religieuse.