«Vous n’avez encore rien vu» : quelles mesures Donald Trump réserve-t-il encore pour la suite de son mandat ?
Offensive protectionniste, chasse aux migrants... C’est un début de mandat fracassant qu’a fait Donald Trump depuis son investiture le 20 janvier dernier. Cent jours plus tard, les observateurs s’accordent à dire que cette entrée en matière du locataire de la Maison-Blanche, dès les premières semaines, se révèle plus musclée encore que lors de son premier mandat. Devant une foule de partisans rassemblés dans le Michigan mardi soir, le président américain a vanté les «100 jours les plus réussis» de l’histoire de son pays. De fait, le bilan est historique. Le milliardaire a signé pas moins de 130 décrets, un record pour un président des États-Unis. Certains de ces décrets ont bouleversé l’ordre économique mondial et la vie politique et institutionnelle américaine.
Pourtant, le président américain l’a assuré : «Vous n’avez encore rien vu», a-t-il clamé sous les hourras des supporters, «nous ne faisons que commencer». Que peut-il faire de plus après le maelstrom enclenché en ce début de mandat ? Les mesures radicales, souvent brutales, se sont enchaînées. De la déclaration de l’état d’urgence à la frontière mexicaine avec le blocage des demandes d’asile, aux coupes budgétaires par Elon Musk pour réduire les coûts de l’État fédéral, en passant par la purge au sein de l’agence de l’aide au développement international Usaid, qui représentait 42% de l’aide humanitaire dans le monde, Donald Trump a dégainé en tous sens. Le milliardaire a aussi ébranlé les administrations en démantelant des programmes visant à promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion au sein des services fédéraux. Sur le plan international, il a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris pour le climat et de l’Organisation mondiale de la Santé.
Des annonces encore en suspens
Cependant, plusieurs de ses propositions annoncées en campagne n’ont pas encore été mises en œuvre - que ce soit pour des raisons d’obstacles institutionnels ou juridiques, de délais administratifs ou d’oppositions internes ou internationales. Voici un florilège d’annonces que Donald Trump pourrait vouloir mettre en œuvre pour la suite de son mandat.
- Fin du droit du sol et mur complet à la frontière
Sur l’immigration, Donald Trump, avec sa nuance coutumière, a promis la «plus vaste déportation» jamais vue aux États-Unis. Si l’offensive pour expulser les migrants a bien commencé, son objectif affiché d’atteindre 1 million d’expulsions par an n’est pas encore atteint. Pour réduire l’immigration clandestine, il veut notamment remettre en cause le droit du sol et a promis de révoquer la citoyenneté automatique pour les enfants nés aux États-Unis de parents sans statut légal, en passant par des décrets exécutifs. Mais cette mesure soulève des questions constitutionnelles de taille puisqu’elle contredit le 14e amendement de la Constitution. Concrètement, elle engendrerait une population de personnes apatrides.
Le président s’est aussi engagé à ériger un mur à la frontière mexicaine pour la «sécuriser entièrement». Lors de son premier mandat, il avait déjà commencé cet objectif en faisant construire environ 700 kilomètres du mur. La frontière totale, elle, fait plus de 3000 kilomètres.
- Les droits de douane encore en suspens
Le 15 mars dernier, Donald Trump a mis à exécution sa menace de relever certains tarifs douaniers, notamment avec l’Europe et la Chine. Mais quelques jours plus tard, il annonce suspendre pour 90 jours ses surtaxes douanières «réciproques». Seule la Chine est restée concernée avec 145% de surtaxes avec effet immédiat. Pendant les trois mois de pause annoncés, 75 pays ont entamé des négociations avec la Maison-Blanche. Washington dit entretenir une «incertitude stratégique» à dessein, donnant, pour l’instant, la priorité aux discussions avec le Japon, la Corée du Sud et la Suisse.
- De nouvelles villes du futur
Dans son programme, l’ancien promoteur immobilier a annoncé la création de dix nouvelles villes industrielles, pour «un grand bond en avant du niveau de vie américain», a-t-il plaidé. Cette série de métropoles, chacune équivalente à la taille de Washington, la capitale, sur des terres fédérales, seraient des «bastions industriels» pour une Amérique tournée vers «un nouveau futur». Le président a évoqué également son souhait d’y développer des véhicules volants. Ces projets, encore au stade de la vision, n’ont encore donné lieu à aucun plan ni financement concret.
- Quitter l’Otan ?
Cette menace est revenue plusieurs fois dans la bouche du président américain pour exercer une pression sur les partenaires européens. Si ceux-ci ne participent pas davantage au financement de l’alliance militaire, les États-Unis quitteront l’Otan, a-t-il affirmé. Le sommet de l’OTAN prévu les 24 et 25 juin à La Haye (Pays-Bas) s’annonce crucial sur ce point. Donald Trump y réserve-t-il l’une de ses annonces fracassantes ? Sur les 100 premiers jours de son mandat, le président a en tout état de cause réussi à obtenir des alliés la promesse d’augmenter leur dépense de défense. Tous ont désormais accepté la barre des 2% du PIB. Les 5% exigés par le président américain ne sont plus tabous. Les industriels de l’armement «Made in USA» se frottent les mains.
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D’autres idées ont émaillé à travers les multiples prises de paroles et posts sur les réseaux sociaux du 47e président des États-Unis. Parmi elles, faire de la bande de Gaza la «Riviera» du Moyen-Orient; ou annexer le Gorenland et le Panama. Donald Trump, en tout état de cause, estime que ses 100 premiers jours «sont les plus réussis» de l’histoire des États-Unis et compte continuer sur sa lancée. En dépit de la fluctuation chaotique des bourses américaines, le président s’est voulu rassurant mardi soir lors de la soirée pour célébrer ses 100 jours de mandat en présence de ses supporters : «Tout ira bien», a-t-il déclaré sur ABC, rappelant que les droits de douane massifs visant la Chine étaient une «bonne» chose et que Pékin les avait «mérités».