Chute du président syrien Bachar al-Assad : quelles sont les réactions de la communauté internationale ?

"Espoir" ou "prudence". Les premières réactions de la communauté internationale affluent, dimanche 8 décembre, après la prise de Damas par les rebelles menés par des combattants islamistes. Lors d'une allocution télévisée, ces groupes ont annoncé avoir renversé le régime de Bachar al-Assad, qui a selon eux "pris la fuite". Cette offensive éclair a mis fin à cinq décennies de règne de la famille Assad dans le pays.

"La France salue la chute du régime de Bachar al-Assad", a déclaré le ministère des Affaires étrangères, dimanche. "Après plus de treize ans d’une répression d’une grande violence contre son propre peuple", le président syrien "laisse un pays exsangue, vidé d’une grande partie de sa population", pointe le Quai d'Orsay dans un communiqué. "Le temps de l'unité est venu", plaide Paris, qui "appelle à une transition politique pacifique et respectueuse de la diversité du peuple syrien, qui protège les civils et toutes les minorités, conformément au droit international". 

Les Syriens appelés à éviter "le chaos"

Le président élu américain, Donald Trump, a affirmé dimanche que le président syrien avait "fui" après avoir perdu le soutien de Moscou, son principal allié. "La Russie, dirigée par Vladimir Poutine, n'avait plus envie de le protéger, a écrit le président élu américain sur son réseau Truth Social. La Russie et l'Iran sont affaiblis en ce moment, la première à cause de [la guerre] en Ukraine et une mauvaise économie, le deuxième à cause d'Israël et de ses succès militaires."

Plus tôt dans la matinée, la Maison Blanche avait rapporté que "Joe Biden et son équipe suivent les événements extraordinaires en Syrie et sont en contact permanent avec [leurs] contacts régionaux". L'Italie suit, elle aussi, la situation "avec attention", a déclaré le ministre des Affaires étrangères sur X, ajoutant avoir convoqué une réunion d'urgence. Son homologue allemande a estimé que la chute de Bachar al-Assad était "pour des millions de personnes en Syrie un premier grand soulagement", mais a mis en garde contre l'arrivée au pouvoir "d'autres radicaux".

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dit espérer, dimanche matin, que la Syrie "retrouvera la stabilité dès que possible", après la prise du pouvoir par les rebelles. "Le gouvernement chinois a activement aidé les citoyens chinois désireux de quitter la Syrie de manière sûre et ordonnée, et a maintenu le contact avec les citoyens chinois restés" sur place, a ajouté le ministère, qui avait conseillé jeudi à ses ressortissants de quitter le pays "dès que possible".

"Un moment décisif" pour la Syrie

Les Emirats arabes unis ont, eux aussi, appelé à la mesure, dimanche matin. Un haut responsable a exhorté les Syriens à travailler ensemble pour éviter "le chaos", dans la première réaction d'un pays arabe à la chute de Bachar al-Assad. Ce responsable a refusé de confirmer ou d'infirmer les informations selon lesquelles le président syrien se serait réfugié dans son pays. "Je ne pense pas que ce soit important", a-t-il déclaré devant la conférence Manama Dialogue, à Bahreïn.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a jugé dimanche que "le régime d'Assad s'est effondré et le [pouvoir] dans le pays a changé de mains". "Bien entendu, cela ne s'est pas produit du jour au lendemain. Cela fait 13 ans que le pays est dans la tourmente", a-t-il souligné.

Israël, autre pays voisin de la Syrie, a annoncé avoir déployé des forces dans "plusieurs points clés nécessaires à la défense afin d'assurer la sécurité des communautés du plateau du Golan et des citoyens israéliens", "à la lumière des développements en Syrie et sur la base de (...) la possibilité que des groupes armés pénètrent dans la zone tampon". L'armée a déclaré ne "pas intervenir" dans les événements dans le pays voisin.

De son côté, l'émissaire des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, a estimé que le pays se trouvait à "un moment décisif", après presque 14 ans d'une guerre civile qui a été "un chapitre noir" de l'histoire du pays"Aujourd'hui, nous regardons vers l'avenir avec des espoirs prudents d'ouverture, (…) de paix, de réconciliation, de dignité, et d'inclusion pour tous les Syriens", a-t-il déclaré.