Bassin d’Arcachon : une villa au cœur d’un conflit judiciaire après son aménagement en maison d’hôtes
Elle trône à quelques pas du rivage, répertoriée parmi les « villas de caractère » d’Andernos-les-Bains. Construite en 1900, elle est désormais au cœur d’une bataille judiciaire. La villa Mady a séduit Laurence et Benoît Videau, anciens commerçants du Blayais, en quête d’un nouveau projet de vie. « Je suis tombée malade, d’où la vente de notre commerce. On a vu sur une annonce cette villa et je suis tombée amoureuse », confie Laurence Videau, qui voit dans l’accueil des hôtes une véritable thérapie.
Dès leur achat en 2018, le couple engage une rénovation avec un agrandissement massif. Mais la métamorphose de la villa ne fait pas l’unanimité parmi les riverains. Plusieurs voisins contestent l’ampleur de l’aménagement. Un premier projet incluant cinq chambres d’hôtes et avoisinant 400 m² est retoqué par l’architecte conseil d’Andernos-les-Bains, jugeant son volume inadapté au quartier. Peu après, une version remaniée voit le jour, cette fois sous l’appellation de « maison unifamiliale », mais conservant une superficie de plus de 400 m². Ce projet est validé par la mairie qui leur délivre un permis de construire. « Le maire était très content qu’on réhabilite la maison », assure Laurence Videau au Figaro.
Pour les opposants, il s’agit d’un contournement manifeste des règles d’urbanisme. Avec l’aide de l’avocat Maître Julien Fouchet, ils pointent plusieurs irrégularités dont la hauteur de la maison excédant les 8,5 mètres initialement prévus. « La seule chose qu’on voulait, ce n’est "pas trop grand ni trop haut" », confie Monsieur Lacoste, l’un des voisins qui s’est entretenu avec le couple Videau.
Une victoire judiciaire pour les voisins
Après un premier revers au tribunal administratif en 2021, les plaignants obtiennent gain de cause en appel en 2023. La cour administrative d’appel de Bordeaux relève en effet une irrégularité : la distance insuffisante entre une surélévation et la voie publique (3,27 mètres au lieu des 5 réglementaires). En fin d’année 2024, le verdict tombe : le permis initial et ses deux modifications sont annulés.
« Je n’ai pas très bien vécu l’annulation du permis, en parallèle de mes soucis de santé. J’essaye de me dire cependant qu’il y a des choses beaucoup plus essentielles dans la vie que ça», réagit Laurence Videau, qui se dit épuisée par la procédure mais qui a tout de même décidé avec son mari de déposer un pourvoi en cassation.
Les voisins quant à eux ne comptent pas s’arrêter là. Ils envisagent de saisir la préfecture et pourquoi pas demander une action de démolition selon Pascale Crépy, une des voisines qui a porté plainte. En attendant l’issue du combat judiciaire, la villa Mady continue d’accueillir ses visiteurs. « Tant que la maison est sur pied, je continuerai mon activité », tranche Laurence Videau.
L’affaire soulève des questions plus larges sur l’urbanisme du Bassin d’Arcachon. « Je pense que ça peut créer un précédent, car à côté de chez nous, il y a un autre projet de chambre d’hôtes en construction », avertit Pascale Crépy. De son côté, le maire d’Andernos a choisi récemment de durcir les conditions d’extension des habitations en réponse aux mutations du paysage urbain.