Réforme des retraites, budget, démission d’Emmanuel Macron... Ce qu’il faut retenir de l’interview de Sébastien Lecornu sur France 2

Deux jours après sa démission éclair, Sébastien Lecornu est arrivé, ce mercredi soir, au terme du délai de 48 heures fixé par Emmanuel Macron pour mener d’«ultimes» négociations avec les partis. Et ce, dans l’espoir de trouver une issue à la crise politique. Alors que le premier ministre affichait son optimisme dans la matinée - assurant que le spectre d’une dissolution s’«éloignait», grâce à la volonté des formations de s’entendre sur le budget d’ici la fin de l’année -, les socialistes, reçus à 10 heures à Matignon, ont posé une condition non négociable : la «suspension» de la réforme des retraites, évoquée mardi soir par Élisabeth Borne, comme préalable à toute non-censure.

Mais l’hypothèse a provoqué l’ire du patron de LR, Bruno Retailleau, ainsi d’une partie du camp présidentiel, attachée à la grande réforme emblématique du second quinquennat du chef de l’État. Sur fond de spéculations autour d’une éventuelle reconduction à Matignon - que son entourage a balayé comme de «fausses rumeurs» -, Sébastien Lecornu s’est rendu en fin d’après-midi à l’Élysée pour remettre ses conclusions à Emmanuel Macron, avant de s’adresser aux Français lors du journal du «20 heures» de France 2. Le Figaro vous résume ce qu’il faut retenir de l’intervention du premier ministre démissionnaire.

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«Une majorité absolue à l’Assemblée refuse la dissolution»

Sur France 2, le premier ministre démissionnaire a assuré qu’«il y a une majorité à l’Assemblée nationale qui refuse la dissolution», ajoutant «qu’un chemin est encore possible» pour parvenir à un compromis budgétaire. Et de reconnaître que «l’Assemblée est morcelée» et que, par conséquent, «chacun devra faire un petit bougé pour s’entendre, c’est ce que les Français nous demandent». «Ce qu’il nous manque, c’est le dernier mètre», espère-t-il, se disant «optimiste» pour les prochaines semaines.

Un premier ministre dans les 48 heures

«Ne courant pas après le job», Sébastien Lecornu considère désormais que «sa mission est terminée». Au vu des équilibres politiques et au terme de ses consultations qu’il a menées ces deux derniers jours, le Normand a «dit» au président de la République qu’il serait en mesure de nommer un nouveau premier ministre dans les 48 heures. «L’équipe qui devra prendre les responsabilités, quelle qu’elle soit, devra être complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027», a-t-il néanmoins prévenu - comme un début de regret sur la composition de son éphémère gouvernement. Son successeur peut-être venir de la gauche ? «Ça appartient au chef de l’État», répond Sébastien Lecornu, éludant prudemment la question.

«Les choses se sont enrayées» : Lecornu revient sur sa démission

Alors que Bruno Retailleau avait exprimé dimanche soir son mécontentement quant à la composition du gouvernement à peine une heure et demie après sa formation - poussant Sébastien Lecornu à présenter sa démission le lendemain matin - ce dernier est revenu, ce mercredi, sur sa décision. «Ce n’était pas un problème de Bruno Retailleau à titre personnel», a tenu à faire savoir l’élu de l’Eure. Et de regretter que «dans le secret des conversations, les responsables politiques veulent avancer, mais parfois les bases militantes poussent au plus dur et c’est ça qui rend les choses beaucoup plus difficiles sur les compromis». S’il reconnaît avoir «raté plusieurs choses», Sébastien Lecornu confie que «les choses se sont enrayées» en raison «quelques appétits partisans».

Les retraites, «une blessure démocratique»

La réforme des retraites sera-t-elle suspendue, comme l’a proposé la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale Élisabeth Borne ? Ce fut selon Sébastien Lecornu l’un des sujets «les plus bloquants, les plus difficiles» dans les négociations. «On aura du mal à dire qu’il ne faut pas un débat», a-t-il toutefois reconnu, estimant qu’il faut «être sourd pour ne pas entendre qu’il y a des Françaises et des Français qui disent qu’il y a une blessure démocratique», en référence au passage en force du printemps 2023 par le biais du 49-3. Le tout, sans annoncer une pause dans l’application de la réforme, qui coûterait, selon lui, «pas moins de trois milliards d’euros» en 2027.

Sur ce point, Sébastien Lecornu tient à mettre les points sur les i : «Il s’est installé l’idée dans le pays qu’il n’y a pas eu de vote, ce qui n’est pas totalement vrai (...) mais les Françaises et les Français ont le sentiment que le débat ne s’est déroulé normalement alors qu’il s’est déroulé normalement», a déclaré le premier ministre démissionnaire.

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Un projet de budget ce lundi

Quid du budget ? Sébastien Lecornu a annoncé qu’un projet de budget sera déposé lundi. Tous les représentants politiques «qui sont venus (le) voir (lui) ont dit qu’il ne fallait pas prendre le risque de ne pas avoir de budget au 31 décembre parce que les conséquences pour la France et les Français seraient absolument dramatiques», a-t-il fait valoir, tout en admettant que sa copie budgétaire ne «sera pas parfaite». Et sur lequel «il y aura beaucoup à débattre». Raison pour laquelle il demande «un peu d’indulgence» aux parlementaires.

«Pas le moment de changer de président»

En tant que ministre des Armées, «je peux vous assurer que ce n’est pas le moment de changer de président», assure par ailleurs assuré le ministre démissionnaire, questionné sur les propos d’Édouard Philippe sur l’état du pays. «Dans la démocratie dite représentative, quand on donne un mandat, si on commence, dès qu’il y a un peu de tempête, “il faut s’en aller”, alors ça pèsera sur les prochains présidents, puis sur les maires. Je suis toujours ministre des Armées, et je peux vous assurer que ce n’est pas le moment de changer de président», a-t-il déclaré.