TÉMOIGNAGE. Syrie : "Je me souviens du visage de toutes les victimes" du massacre de La Ghouta
En Syrie, Taher Hijazi a filmé les attaques au gaz du régime de Bachar al-Assad, et notamment celle qu'on appelle le massacre de La Ghouta, le 21 août 2013 dans les environs de Damas. Taher se rappelle encore comme si c’était hier quand, à plus d’une heure du matin, un médecin lui demande de l'accompagner à l'hôpital de Douma, une ville de La Ghouta : "J'ai vu les enfants avec des spasmes, les femmes qui n'arrivaient pas à respirer, les visages rougis...Une petite fille, qui portait un tee-shirt rouge, est morte devant moi, pendant que je la filmais."
Selon les différentes estimations, cette attaque au gaz sarin a fait entre plusieurs centaines et 2 000 victimes. Et parmi elles, un grand nombre de civils sont morts. C’est ce soir-là que Taher Hijazi comprend réellement quel sera son rôle. "Quand j’allume ma caméra et que je vois les enfants, je me rends compte que je n’ai aucune formation pour les sauver. Mais je réfléchis et je comprends que je dois continuer à documenter ces massacres, pour montrer la responsabilité de Bachar al-Assad. Il ne faut pas oublier les victimes."

Après un passage en Turquie, Taher Hijazi rejoint la France en 2019. Il obtient son statut de réfugié en mars 2020 et livre son témoignage de l'attaque chimique au tribunal de Paris. Il est maintenant président de l’association Justice Paths, avec laquelle il se bat tous les jours pour la justice et empêcher l’impunité.
Depuis Paris, son regard sur l’avenir en Syrie après la récente chute de Bachar al-Assad est plutôt contrasté. "Tous les Syriens sont contents, mais les villes en Syrie sont maintenant aux mains des groupes islamistes. Nous sommes donc stressés car l'avenir est noir."