La Turquie va construire le plus gros navire de guerre d’un pays méditerranéen, devant le porte-avions Charles de Gaulle
Le projet titanesque a officiellement été lancé la semaine dernière par Recep Tayyip Erdogan. Au cours de l’événement Teknofest Blue Homeland au Commandement du Chantier Naval, le président turc a donné le coup d’envoi du projet MUGEM, futur premier porte-avions conçu et construit dans le pays. Avec ses 285 mètres de long, 72 mètres de large et un déplacement de plus de 60.000 tonnes, ce futur géant des mers dépassera nettement le porte-avions français Charles de Gaulle (261 mètres, 42.500 tonnes), jusqu’ici navire amiral le plus puissant en Méditerranée.
Avec ce nouveau projet, la Turquie entend frapper fort sur la scène navale. «Notre porte-avions national peut actuellement poursuivre son voyage d’ici à New York et revenir sans ravitaillement en carburant», a indiqué l’ingénieur lieutenant Aykut Demirezen au quotidien Turkiye Today, vantant ainsi les capacités d’autonomie du navire. Redessinée à partir de calculs hydrodynamiques, son étrave permettrait une diminution estimée de 1,5 % de la consommation de carburant.
Passer la publicitéPrévu pour être mis à l’eau entre 2027 et 2028 et entrer en service à l’horizon 2030, le MUGEM (Milli Uçak Gemisi, «porte-avions national») doit accueillir une cinquantaine d’appareils, indique le média Yeni Safak, proche du pouvoir. Contrairement aux bâtiments occidentaux majoritairement centrés sur l’aviation pilotée, il sera pensé dès l’origine pour des drones de combat de dernière génération : Kızılelma, l’ANCA-III. Il pourra également accueillir le chasseur léger Hurjet dans sa version navale. Ankara assure que plus de 80 % des composants seront produits localement, gage d’indépendance stratégique.
«Notre objectif est l’indépendance maritime»
«Nous allons construire ce porte-avions plus grand que le TCG Anadolu. Notre objectif est l’indépendance maritime et la supériorité régionale», a martelé Erdogan, après avoir soudé symboliquement la dernière pièce d’une rampe d’essai destinée aux futurs aéronefs embarqués. Dans son discours, à Istanbul, le président turc a affirmé que l’armée «écrit l’histoire» et «inspire les peuples opprimés, de la Palestine à la Somalie».
Le projet s’inscrit dans la doctrine de la «Patrie bleue» (Mavi Vatan) voulue par le dirigeant truc, qui vise à affirmer l’influence turque en Méditerranée orientale, en mer Noire et jusqu’à la mer Rouge. Il succédera au porte-aéronefs TCG Anadolu, entré en service en 2022, et sera complété par un second bâtiment, le TCG Trakya, actuellement en construction.
Si le calendrier est respecté, la Turquie rejoindra le club très restreint des pays capables de concevoir un porte-avions de cette taille – États-Unis, Russie, France, Chine, Royaume-Uni. En revanche, il devrait vite perdre son record : le PANG (Porte-Avions de Nouvelle Génération) français deviendra le nouveau principal mastodonte de la Méditerranée avec ses quelque 75 000 tonnes dans une dizaine d’années.