L’œil de l’INA : Geneviève Grad, la fille « dans le vent » de Louis de Funès

Dans la mémoire collective de plusieurs générations, le nom de Geneviève Grad se trouve immédiatement associé à celui de Nicole Cruchot, la fille de Louis de Funès dans Le gendarme de Saint-Tropez, Le gendarme se marie, et Le gendarme à New York, dont Madelen vous propose de découvrir ou de redécouvrir un reportage réalisé pendant le tournage du second épisode aux États-Unis. La jeune comédienne, qui, dans cette séquence, parvient, non sans difficultés, à interrompre Louis de Funès et Michel Galabru, est alors en pleine ascension. Son interprétation de Douliou douliou Saint-Tropez, souvent orthographié par erreur Do you do you Saint-Tropez a été l’un des moments forts du premier volet de la série. La mélodie, alors diffusée chaque nuit dans les discothèques, a traversé le temps. Elle demeure aujourd’hui un fond sonore sur des images évoquant l’histoire de ce port de pêche, au temps où il devint un rendez-vous des stars. 

Tout au long des années 60, Geneviève Grad a multiplié les apparitions au cinéma. Elle a travaillé sous la direction de Jean-Pierre Mocky dans Les dragueurs, puis d’Edouard Molinaro et de Pierre Grimblat, également débutants. En 1961, Pierre Gaspard-Huit lui offre son premier grand rôle, aux côtés de Jean Marais dans Le Capitaine Fracasse. Jusqu’à la fin de la décennie, elle va également régulièrement tourner en Italie, en particulier dans des films d’aventures, et faire quelques apparitions au théâtre. 

Les propositions se font, hélas, ensuite de plus en plus rares. Les apparitions à l’écran de celles que l’on considérait jusqu’alors comme la vedette dans le vent vont se limiter, jusqu’au début des années 80, à quelques scènes dans des longs métrages ou des mini-séries. Entretemps, rendant visite à des amis dans le Gers, elle croise la route d’Igor Bogdanoff. Ils ne vont plus se quitter pendant 11 ans . Elle va travailler avec lui dans les coulisses de Temps X, tout en élevant Dimitri, le fils né de leur histoire d’amour. Elle va ensuite mener une vie discrète auprès de son mari, Jean Guillaume, et vivre d’autres passions professionnelles en devenant antiquaire puis, quelques années après, responsable de la vie culturelle de la ville de Vendôme. 

Elle n’a jamais affiché la moindre nostalgie en évoquant des années sous les projecteurs où la télévision a toujours été présente. Ses premières apparitions sur les petits écrans montrent qu’à l’origine, les rôles auxquels elle était destinée étaient très éloignés de celui qui l’a rendu célèbre. Au début des années 60, l’adolescente timide qu’elle est alors raconte ses auditions devant Carlo Ponti puis Claude Autant-Lara, les premiers à croire à son potentiel d’actrice. Sa vocation est autre, puisqu’elle est entrée à l’Opéra de Paris, après avoir réussi l’examen qui pourrait lui permettre de concrétiser son rêve, devenir danseuse étoile. Les essais avec les deux premiers metteurs en scène ne vont pas être transformés. En revanche, Michel Boisrond, qui l’a également repérée, va lui permettre de débuter sur les grands écrans dans Un soir sur la plage, où elle va jouer le rôle de la fille de Martine Carol, alors au sommet de sa gloire. 

Parallèlement, elle fait ses premiers pas sur une scène de théâtre, à Lyon, aux Célestins en interprétant une cover-girl qui vit chez ses parents, dans L’invitation au château de Jean Anouilh. Tout au long de ces années 60, elle va figurer, en bonne place au générique de plusieurs feuilletons aujourd’hui oubliés, mais qui ont marqué l’histoire d’un petit écran encore en noir et blanc : Une chambre à louer, Frédéric le gardian, Quand la liberté venait du ciel, Agence intérim et Ce diable d’homme. C’est à cette période qu’elle enregistre une chanson Tout juste un an . Elle l’interprète, entre autres, lors d’une émission de variétés en direct de Chaville, à l’occasion de la fête du muguet. L’occasion de constater qu’elle avait aussi un joli brin de voix.