Le maire d’un petit village proche de Lyon agressé par des gens du voyage installés illégalement sur sa commune
«Ils m’ont poussé et ceinturé à quatre ou cinq». Le maire de la petite commune d’Anthon (Isère), situé en bordure est de la métropole de Lyon, a porté plainte pour violences aggravées contre des membres d’un groupe de gens du voyage venus s’installer illégalement sur le terrain de football municipal. Malmené, poussé et projeté au sol, Cédric Camp souffre d’une foulure au poignet et de contusions lui ayant valu 15 jours d’ITT, ont indiqué au Figaro plusieurs sources proches du dossier. Sans pouvoir empêcher l’installation des 150 à 200 caravanes.
Le maire était encore attablé en famille, ce lundi de Pentecôte ensoleillé, dans ce village situé à l’est de l’aéroport de Lyon, quand son téléphone s’est mis à sonner. Une habitante l’a appelé pour lui signaler l’arrivée d’un convoi de caravanes «comme l’an dernier». «Nous avions pourtant réalisé des aménagements pour empêcher l’installation avec des blocs de béton mais ils sont passés par le terrain voisin appartenant au syndicat des eaux pour les contourner», explique Cédric Camp au Figaro.
«Je me suis allongé devant les véhicules»
Sur place, l’édile de 32 ans trouve les gens du voyage en train de découper le grillage clôturant le terrain. Il se présente en tant que maire, et signifie l’illégalité de l’installation, encore remonté conte l’intrusion effectuée l’année passée. «Ils m’ont dit qu’ils rentreraient et qu’on discuterait après», rejoue le maire. J’ai prévenu les autres élus et la gendarmerie mais en les attendant j’étais seul, ma réaction a donc été de me mettre devant eux. C’est là qu’ils ont commencé à me pousser pour entrer, alors je me suis allongé par terre devant les véhicules »
Mais rapidement la situation s’envenime. «Ils m’ont signifié qu’ils arriveraient à rentrer et ont approché leurs véhicules, ils disaient qu’ils mettraient le bord** dans mon village, poursuit Cédric Camp. Ils m’ont tiré au sol, m’ont attrapé, soulevé et ceinturé à quatre ou cinq. En me débattant j’ai été projeté au sol». Dans sa chute Cédric Camp se foule le poignet et s’entaille la main sur la clôture, selon son récit corroboré par d’autres élus.
Pas d’aire d’accueil sur le territoire
À leur arrivée, les gendarmes de la brigade de Bourgoin-Jallieu ont pu soigner ses blessures et enregistrer son dépôt de plainte, comme l’a confirmé la préfecture de l’Isère au Figaro. Cédric Camp souligne le «choc émotionnel» de cette agression pour lui et ses proches, dénonçant «les violences envers les élus qui augmentent». Les militaires ont aussi constaté l’installation illégale. Le maire a de son côté lancé les démarches pour l’expulsion des 200 caravanes. «Notre avocat va saisir le tribunal administratif, explique-t-il. Nous avons la jurisprudence de l’an dernier pour nous.»
Situé aux confins de l’Isère de l’Ain et du Rhône, Anthon ne dispose pas d’aire d’accueil de gens du voyage. Peuplée de moins de 5000 habitants elle n’y est pas obligée par la loi. La communauté de communes en revanche doit en avoir une. «Nous avions lancé les travaux mais elle a été occupée illégalement avant leur fin, avec des dégradations que nous avons demandé à l’État de rembourser pour reprendre le chantier», retrace Cédric Camp.
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Celui qui est le plus jeune maire du département en profite pour dénoncer le «manque de soutien de l’État sur cette question des gens du voyage». Comme chaque année à cette période, de nombreux convois sillonnent la France depuis quelques jours. En région lyonnaise, plusieurs maires ont déjà dit leur agacement après des installations illégales à Solaize, Neuville ou Villefranche-sur-Saône.
À Anthon, les 150 à 200 caravanes se sont branchées à une borne incendie pour l’eau et une logette électrique pour le courant. Le tout à quelques mètres du captage en eau potable du syndicat des eaux donc, qui alimente 30.000 personnes.