Des manifestants serbes dénoncent la "brutalité" policière à Belgrade
Après des témoignages et des vidéos accablantes relayées sur les réseaux, des milliers de manifestants serbes sont descendus dans la rue à Belgrade pour dénoncer la "brutalité" de la police. Ces dernières semaines, plus de 100 manifestants ont été arrêtés, et plusieurs ont raconté avoir été battus ou maltraités par des policiers. Mardi 19 août, les manifestants ont protesté pour se solidariser avec Nikolina Sindjelic, militante et étudiante, âgée de 22 ans.
Elle a raconté avoir été amenée jeudi soir, après son interpellation par des forces spéciales, dans un garage du gouvernement à Belgrade, avec un collègue étudiant et plusieurs autres manifestants. "Le commandant de cette unité nous a brutalement frappés, ce jeune homme et moi", a raconté à l'AFP cette étudiante en Sciences politiques. "Il nous a insultés, il m'a traitée de salope, m'a dit qu'il allait me violer devant tout le monde", a poursuivi Nikolina Sindjelic. Le ministère de l'Intérieur a "fermement" nié dans un communiqué ces accusations, et affirmé que la manifestante avait été arrêtée pour avoir fait partie d'un groupe qui a attaqué des bâtiments du gouvernement et de la police.
Sur les pancartes des manifestants, on pouvait lire notamment "Des violeurs avec un badge". "Nous sommes malheureusement en train d'entrer dans une spirale de la violence qui, à mon avis, ne peut pas finir bien si ça continue comme ça", a estimé auprès de l'AFP Andrej Sevo. "Nous n'avons personne pour nous protéger. Si je vais à une manifestation, je devrais pouvoir m'adresser à la police et demander de me protéger, et non pas être battue, amenée dans un sous-sol et menacée de viol", a relevé Aleksandra Krstic.
Des élections législatives réclamées
La Serbie est secouée depuis novembre 2024 par des manifestations quasiment quotidiennes, dans la foulée de l'effondrement à la gare de Novi Sad, dans le nord du pays, d'un auvent en béton qui a tué seize personnes. Cette tragédie a été imputée par les manifestants, emmenés par un mouvement étudiant, à une "corruption endémique" au sein des structures de l'Etat et des entreprises publiques. Au départ, les manifestants ont réclamé au pouvoir d'en assumer la responsabilité et aux institutions judiciaires de mener une enquête transparente. Depuis mai, ils réclament aussi les élections législatives anticipées.
Dimanche, après cinq soirées consécutives d'affrontements entre ses partisans, la police et les manifestants, le président Aleksandar Vucic a promis de durcir le ton. "Vous verrez l'entière détermination de l'Etat serbe. Nous utiliserons tout ce qui est à notre disposition pour rétablir la loi, l'ordre et la paix.". Il a ajouté que le gouvernement avait besoin de quelques jours pour préparer "le cadre légal et formel" de sa réponse.