L'État français va devenir le premier actionnaire d'Eutelsat, l'opérateur de satellites européen

Dans le contexte actuel de tensions géopolitiques, il s'agit de garder la main sur nos systèmes de communications notamment militaires, c'est une question de souveraineté. L'État français l'a officialisé jeudi 19 juin, il va mettre de l'argent dans Eutelsat, l'opérateur de satellites européen, à hauteur de plus de 700 millions d'euros, en montant un peu plus au capital de ce fleuron de la défense. De plus de 13% aujourd'hui, il va avoir jusqu'à près de 30%, soit un tiers, et devenir ainsi l'actionnaire de référence.

Eutelsat est l'un des deux seuls opérateurs au monde avec l'américain Starlink, propriété d'Elon Musk, à avoir une constellation de satellites en basse orbite pour les télécommunications. Mercredi, au salon aéronautique du Bourget, Eultelsat, a d’ailleurs annoncé la signature d'un accord sur dix ans avec l'armée française dans le domaine des communications militaires spatiales, pour un montant maximal d'un milliard d'euros.

Starlink représente 60% des satellites en orbite

Mais cela ne suffit pas, pour se développer, le groupe a besoin d'argent et d'investissements, d'où le soutien massif de l'État français. La France veut compter. Avec près de 30% du capital d'Eutelsat, elle peut en effet peser plus dans le conseil d'administration et intervenir dans la stratégie du groupe. Sachant que d'autres acteurs publics et privés sont aussi appelés à injecter dans l'entreprise. L'Allemagne qui n'est aujourd'hui pas du tout présente dans le groupe pourrait être intéressée. Car Eutelsat a vocation à devenir l'Airbus européen des satellites pour porter des projets européens.

Il s'agit de résister à l'ascension de Starlink. La propriété du milliardaire américain, pèse pour plus de 60% des satellites mis en orbite, et dans le contexte de tensions mondiales, il y a urgence à rester indépendants des puissances étrangères, c'est en tout cas, l'analyse d'Emmanuel Macron qui a œuvré pour que la France soit leader dans le domaine. Les Américains ne sont pas seuls à la manœuvre, les Chinois sont aussi très présents sur ce créneau.

L'État met 717 millions d'euros via l'Agence des participations (l'APE), l'agence qui gère le portefeuille d'actions de l'État, comme Renault, Atos, la Française des Jeux. C'est une caisse à part et le gouvernement précise que cette évolution n'aura donc aucune incidence sur le budget.