Dans la peau des VTTistes olympiques : la colline d’Élancourt rouvre au public

Un virage à 90 degrés et soudain la piste s’élargit… Un coup de pédale, puis deux, puis trois… La roue arrière commence à glisser sur le gravier. Les muscles brûlent et le souffle se fait court. La ligne droite paraît (trop) longue jusqu’au sommet, avec des pentes qui titillent allègrement les 20 %. Cependant, arrivé ici, impossible de renoncer. La tête pleine des souvenirs de Pauline Ferrand-Prévot, Tom Pidcock ou Victor Koretzky ici même neuf mois plus tôt, nous inspire à trouver l’énergie de triompher de la côte.

Quand soudain, le sol s’aplatit enfin. C’est la libération. Et surtout la contemplation. Le sommet de la colline d’Élancourt est le point culminant de la région Île-de-France. S’arrêter au sommet, c’est laisser son regard se porter au loin, sur la vallée de Chevreuse mais aussi jusqu’aux immeubles de la Défense et la tour Eiffel, pourtant situés à plus de 30 kilomètres de là.

Neuf mois après avoir accueilli les épreuves de VTT lors des Jeux de Paris, le site va enfin s’offrir au public à partir du 17 mai prochain. Il portera d’ailleurs le nom de Pauline Ferrand-Prévot, qui y avait remporté la médaille d’or olympique qui manquait à son immense palmarès.

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"Tout le monde s’est passionné pour cette compétition. Tout le monde a crié, pleuré, applaudi, chanté la Marseillaise. En cinq mandats, je n’avais jamais vu ça ! C'étaient des moments de bonheur", se souvient avec nostalgie Jean-Michel Fourgous, maire d’Élancourt et président de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. "Avant, personne n’aimait cette colline, et son image a complètement changé avec les JO."

L'"envolée" de la piste olympique

La colline d’Élancourt tient sa revanche

La colline dite de la Revanche tient la sienne. En effet, issue du terrassement de Saint-Quentin-en-Yvelines dans les années 1980, cette hauteur artificielle n’était jusque-là guère aimée des habitants. Cette décharge devenue butte était mal entretenue. Sa réputation était sinistre, surtout depuis qu'on y avait retrouvé du garde du corps d'Alain Delon, Stevan Markovic, en son sein en 1968. Malgré tout, le lieu était déjà prisé des parapentistes et des VTTistes avant son réaménagement.

Joaquim Lombard posant devant les anneaux olympiques à la colline d'Élancourt.
Joaquim Lombard, responsable du Off-Road à la FFC, était le guide improvisée de cette visite du site olympique. © Romain Houeix, France 24

"Nous étions venus il y a dix ans pour un séminaire. Le relief était le même. Il y avait beaucoup de végétation, des chemins naturels mais, c’était une colline à l’abandon", raconte Joaquim Lombard, responsable du off-road (VTT, gravel, cyclo-cross) à la Fédération française de cyclisme (FFC) et guide improvisé lors de cette journée de présentation à la presse. "Ça fait plaisir de voir l’héritage des Jeux et ses aménagements paysagers ouverts au grand public."

"Désormais, si vous en dites du mal, on vous dégonfle les pneus", rigole Jean-Michel Fourgous, l'édile.

Avant d’être choisie comme site olympique, la colline avait bien failli devenir une piste de ski. Depuis la fin des Jeux, la Solideo (aménageur des Jeux) en a repris possession de la colline pour entamer la fin des travaux financés dans le cadre des JO 2024 : sa phase héritage. En complément de la piste olympique ont été aménagés une douzaine de kilomètres de sentiers pédestres, mais aussi d’autres pistes de VTT, plus accessible au commun des mortels.

Des pistes pour tous

Car, contrairement à ce qu’on pourrait penser, atteindre le sommet, constitue en réalité la partie la plus facile. C’est là que la piste commence à livrer ses facéties, à commencer par un saut de trois mètres de haut.

"Ce n’est pas extrêmement difficile, mais malgré tout, il faut quand même maîtriser. Et surtout, il y a un peu d’engagement, c’est-à-dire que l’on n’a pas le droit à l’erreur", explique Joaquim Lombard. "Ce qui est fou, c’est que les athlètes arrivaient ici en s’étant mis complètement dans le rouge. Pourtant, c’est là que la partie technique commence et qu’il faut être le plus lucide."

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Et le VTTiste aguerri d’enchainer devant nos yeux ébahis les principales difficultés du parcours olympique aux noms aussi évocateurs que "l’envolée", la "cascade de pierre" (un gros pierrier), le "mikado géant" (une descente de rondins) et le "saut de la prairie". À tester à ses risques et périls...

"C’est ici que Loana Lecomte a lourdement chuté pendant les Jeux", avertit-il avant de manœuvrer dans ce très inhospitalier pierrier.

Pour ceux qui n’auraient pas envie de s’y risquer. Une piste verte (débutant) et une piste bleue (facile) ont également été aménagées. La piste rouge, quant à elle, suit le tracé de la piste olympique en escamotant certaines difficultés.

"Le parcours olympique est très exigeant. Il n'est envisageable que si on fait du VTT régulièrement et qu’on bien pris le temps de reconnaître le parcours", avertit Joaquim Lombard, qui annonce que plusieurs panneaux pédagogiques insistant sur les dangers seront mis en place.

La piste bleue est accessible aux VTTistes débutants.
La piste bleue est accessible aux VTTistes débutants. © Romain Houeix, France 24

À la fin de la descente, la piste olympique débouche sur une grande prairie. Un espace qui paraît bien vide quand on se souvient de la débauche de banderoles, de préfabriqués, de caméras mais aussi des 15 000 spectateurs venus assister au sacre de Pauline Ferrand-Prévot.

Heureusement, il devrait reprendre vie dès l'inauguration, le 17 mai. Pour l’occasion, trois médaillés du vélo, Victor Koretzky (VTT), Joris Daudet (BMX racing) et Anthony Jeanjean, (BMX freestyle) seront présents. De quoi procurer de nouvelles émotions.