Un «moment historique» : la première rame du nouveau métro MF19 circule désormais sur la ligne 10 à Paris

Du changement sous terre pour les usagers des transports parisiens. La première rame du nouveau métro MF19 a été inaugurée ce jeudi 16 octobre, sur la ligne 10. Dans la matinée, sur le quai de la station Porte d’Auteuil, un parterre d’invités attendaient impatiemment de pouvoir embarquer dans cette rame plus moderne, plus capacitaire et plus confortable, qui sera d’abord déployée sur la ligne 10 du réseau, pour remplacer progressivement l’ensemble des 30 anciennes rames MF67 vouées à être mises à la retraite. Ces métros nouvelle génération seront ensuite déployées sur les lignes 7bis dès 2026, 3bis et 13 en 2027, 12 et 8 entre 2028 et 2029, et enfin 3 et 7 à l’horizon 2033. «Ça sent le neuf», s’exclame un agent de la RATP, venu spécialement pour l’occasion. Car si le design de la rame avait déjà été dévoilé en février dernier, «c’est autre chose de la voir en vrai en conditions réelles», estime celui se dit «très chanceux» d’être là.

Sur la ligne 10, la rame MF19 proposera 36 places assises, contre 54 dans les rames MF67 qui circulent actuellement. RATP - Hamdi Cherif

«Oh la vache, c’est magnifique», s’extasient de jeunes étudiants, ferrovipathes assumés, visiblement ravis de pénétrer dans ce nouveau métro tout neuf. Venus en groupe pour être les premiers à emprunter le MF19, ils y voient une «lueur d’espoir» pour l’amélioration des transports en commun du quotidien, alors qu’ils considèrent que certaines rames sont «trop bruyantes» ou «en mauvais état». L’intérieur est en effet plus spacieux et bien moins contraint que dans les rames MF67 qui circulent sur la ligne 10 depuis plus de 50 ans. Les couleurs flashy sautent aux yeux, tandis que l’information voyageurs - désormais diffusée sur des écrans lumineux - est bien plus lisible. L’ouverture automatique des portes permet aussi d’entrer plus aisément dans l’habitacle, pensé pour être accessible aux personnes à mobilité réduite, ainsi qu’aux familles avec poussettes.

Passer la publicité

Un «moment historique»

Jean Castex est aussi du voyage. Le président-directeur général de la RATP, en partance pour la SNCF, a profité d’un dernier bain de foule sur le réseau parisien pour savourer «le moment historique que nous sommes en train de vivre». «Le MF19 est une avancée technologique, un saut qualitatif qui viendra équiper toutes les lignes qui n’ont pas encore été modernisées», explique l’ancien premier ministre. Il salue au passage «le choix politique extrêmement fort» de la présidente de région et d’Île-de-France Mobilités (IDFM), Valérie Pécresse, d’avoir lancé ce projet estimé à plus de 7 milliards d’euros - dont 3 milliards pour l’achat des rames au géant français du secteur Alstom et 4 milliards pour la modernisation des ateliers et des infrastructures. Un budget tout aussi important que le coût des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, «c’est dire son importance», souligne Jean Castex.

À ses côtés, l’élue francilienne ne boude pas son plaisir d’avoir mené à bien l’une des «étapes décisives» de sa grande révolution des transports, une ambitieuse et coûteuse politique lancée il y a dix ans à son arrivée à la tête de la région. Affirmant qu’il s’agit d’un «investissement pour le quotidien des usagers franciliens», l’arrivée de ces rames va selon elle changer la vie de ceux qui passent «en moyenne 45 minutes aller-retour dans les transports en commun chaque jour». «Beaucoup plus clair, coloré et silencieux», le MF19 a été conçu avec une intercirculation dite «boa», offrant aux voyageurs une continuité visuelle et physique tout au long du métro, et qui permet aux usagers «de mieux se répartir à bord» d’un bout à l’autre de la rame. Ce modèle standard - commandé en 350 exemplaires (et jusqu’à 410 au besoin) - représentera, en 2033, 50% des trains en circulation sur le métro parisien, optimisant son exploitation et sa maintenance.

À noter enfin que cette rame existera en deux exemplaires afin «de répondre aux problématiques spécifiques» de chaque ligne : l’un en version «confort», avec 146 places assises, dont 102 sièges fixes et 44 strapontins, et l’autre en version «capacitaire», avec 122 places assises, dont 90 sièges fixes et 32 strapontins. Les rames de cette seconde version pourront accueillir plus de passagers, mais en sacrifiant des sièges. Une voiture de la ligne 10, sur laquelle circuleront les MF19 en configuration «confort», passera de 54 (dont 24 sièges et 30 strapontins) à 36 places assises (dont 24 sièges et 12 strapontins). Une «bonne nouvelle» selon Laura, usagère de la ligne 10, selon qui «il n’y a rien de plus pénible que d’être serrés comme des sardines contre les portes tandis que seules huit personnes sont correctement assises dans les carrés centraux».