Après le boom observé pendant la crise du Covid-19, la téléconsultation médicale semble légèrement marquer le pas. C’est ce que montre une étude réalisée par Doctolib, l’un des principaux acteurs français de la prise de rendez-vous médicaux en ligne, et publiée ce mardi 17 juin. On y apprend que près de 5,1 millions de téléconsultations ont été réalisées cette année via la plateforme, par environ 15.000 médecins.
Parmi les médecins présents sur la plateforme, les psychiatres sont ceux qui recourent le plus à la téléconsultation : 63% d’entre eux l’ont intégrée à leur pratique, contre 42% pour les généralistes, 46% pour les pédiatres, 41% pour les gynécologues et seulement 29% pour les dermatologues. En volume, ce sont toutefois les généralistes qui concentrent l’essentiel des rendez-vous à distance, avec plus de 4 millions de téléconsultations effectuées, un record depuis 2022.
Cependant, la téléconsultation ne représente aujourd’hui qu’une part limitée de l’activité médicale. Elle est même «en léger recul dans l’ensemble des spécialités étudiées», constate Doctolib. Les consultations à distance représentent en effet 4,8% de l’ensemble des consultations sur la plateforme, en repli de 0,7% par rapport à 2022. Selon les chiffres de l’Assurance maladie, cette pratique représente désormais un peu moins d’un million de consultations par mois, soit environ 2% de l’ensemble des rendez-vous médicaux. Pour les médecins qui y ont recours, cette pratique représente 7,4% de leur activité.
À lire aussi Les sociétés de téléconsultation en pleines turbulences
Inégalités territoriales et sociologiques
L’étude de Doctolib met également en lumière un certain déséquilibre entre les territoires : la téléconsultation reste sous-représentée chez les médecins installés en zone rurale. Un paradoxe alors même que ce dispositif est censé répondre en priorité aux besoins des zones manquant de professionnels de santé, les fameux déserts médicaux. Seulement 28,4% des téléconsultations sont effectuées par les médecins ruraux, alors qu’ils assurent 47% des consultations en présentiel. Côté patient, le profil type de l’utilisateur de la téléconsultation est une femme jeune, vivant plutôt en milieu urbain. Les femmes représentent ainsi 59,5% des patients à distance, contre 55,2% en consultation physique. Et les 25-34 ans sont surreprésentés : ils forment 27,3% des patients en téléconsultation, alors qu’ils ne comptent que pour 15,3% des patients en cabinet. À l’inverse, les plus de 65 ans ne représentent que 5% des patients à distance, contre 14,5% en consultation physique.
La téléconsultation apparaît avant tout comme un outil de suivi : dans 82% des cas, elle est effectuée avec un praticien que le patient a déjà consulté auparavant. Ce chiffre est stable depuis 2022. Son principal atout reste la rapidité d’accès : 54% des consultations à distance sont octroyées dans les 48 heures, contre 32% pour les consultations en cabinet. Mieux encore, 42% sont programmées en moins de 24 heures, soit presque deux fois plus que pour les rendez-vous physiques (23%). Enfin, les médecins généralistes ayant recours à la téléconsultation semblent en tirer un certain bénéfice en termes de patientèle : leur file active, c’est-à-dire le nombre de patients vus au moins une fois dans l’année, est supérieure de 37% à celle de leurs confrères n’utilisant pas cette modalité.