«Moment merveilleux», notoriété, souvenirs... Lisa Barbelin et Baptiste Addis se confient sur leurs JO

Lisa Barbelin et Baptiste Addis se connaissent par cœur. Souriants, détendus et heureux après leurs deux médailles glanées aux Jeux Olympiques de Paris 2024 (bronze en individuel pour Barbelin au terme d’un final épique et en argent par équipe pour Addis), les deux archers se sont livrés au Figaro dans le cadre des Étoiles du Sport, à Tignes. Comme le veut la tradition, Lisa Barbelin, 24 ans, a joué le rôle de «marraine» auprès de son «espoir». Un véritable moment de partage. Les deux médaillés olympiques ont également accepté de revenir sur cette expérience unique aux Étoiles du Sport, sur leurs JO mais aussi sur leur notoriété, qui a été facile à gérer pour l’un mais difficile à encaisser pour l’autre.

LE FIGARO.- Lisa et Baptiste, comment allez-vous ?
Baptiste Addis : Ici, aux Étoiles du Sport, ça ne peut qu’aller ! On a fait des activités sportives. Tout se passe bien.

Lisa Barbelin : Ça va très bien ! On a fait pas mal de ski. C’est hyper cool.

C’est un peu le prolongement des Jeux olympiques, finalement…
Baptiste Addis : Je ne dirai pas prolongement mais on retrouve les mêmes valeurs et surtout la famille des Jeux. On vit de super moments de partage. Aux Jeux, on n’avait pas vraiment de moments pour partager. Là, on peut le faire.

Lisa Barbelin : Je dirai que c’est différent. C’est super intéressant d’être ici parce qu’on peut discuter avec des gens qui ont des palmarès impressionnants comme d’autres que l’on ne connaissait pas vraiment et qu’on commence à connaître.

Comme le veut la tradition, Lisa, vous faites office de «marraine»…
Lisa Barbelin : Baptiste, bien qu’il soit vice-champion olympique, n’a que 17 ans (rires). Bon, bientôt 18 ! Mais c’est une super expérience d’être ici, de pouvoir partager avec les autres jeunes de son âge. Il a également beaucoup apporté par sa médaille. Après, concernant ce rôle de marraine, c’est un peu différent des autres duos de sportifs parce qu’on se connaît déjà par cœur. Il a une médaille qui est plus importante que la mienne (rires) mais on profite du moment ensemble.

J’ai vécu une période un peu compliquée. Ça a été beaucoup trop de sollicitations pour moi malgré le fait que j’aime cet exercice. J’ai refusé pas mal d’interventions parce que c’était trop pour moi. C’était pesant

Lisa Barbelin

Comment avez-vous vécu cet après-JO ?
Baptiste Addis : Moi, je l’ai bien vécu. Avec le recul, je l’ai vécu de la meilleure façon possible. Mais je comprends pourquoi ça peut être dur. Il y a vraiment eu un mois où il a fallu se reposer, se ressourcer et j’ai eu de la chance d’avoir eu une médaille pour bien clôturer ces JO et d’avoir des objectifs à court et moyen terme. Après, je comprends ce truc de dire qu’on se sent perdu et qu’on ressent un vide. Oui, parfois, je me suis senti un peu seul mais je suis super bien accompagné et entouré.

Lisa Barbelin : J’ai vécu une période un peu compliquée. Ça a été beaucoup trop de sollicitations pour moi malgré le fait que j’aime cet exercice. J’ai refusé pas mal d’interventions parce que c’était trop pour moi. C’était pesant. D’autant plus que je ne fais pas que ça puisque je poursuis mes études et qu’elles sont très prenantes. C’était compliqué de tout faire en même temps. J’ai donc arrêté de me séparer en 1000 et essayé de me retrouver.

Quel est votre meilleur souvenir aux JO ?
Lisa Barbelin : Il y a eu deux moments à vrai dire et c’est difficile de choisir entre les deux. Il y a eu la médaille des garçons (en équipe, NDLR). J’ai vu mon chéri Thomas (Chirault, NDLR) qui a remporté cette médaille. Le prendre dans mes bras à la suite de ce moment qui a été très intense pour lui, ça représente beaucoup. C’était un merveilleux moment. Il y a aussi mon après-médaille où j’ai retrouvé ma famille. J’ai pu passer la médaille autour du cou de mes parents, de mes sœurs et de mon grand-père. Ça a été très fort en émotion.

Baptiste Addis : C’est surtout quand on sort de l’arène après notre finale. Ce qui m’aide à réaliser, ce sont les gens autour de moi. Quand je vois mes deux coéquipiers pleurer alors que je ne les avais jamais vus dans un état comme ça, je me suis dit ok, là il se passe quelque chose. Mes parents pleuraient aussi. Au club France, c’était pareil. Quand on a fait notre célébration le soir même, j’ai revu mon ancien entraîneur, le quatrième archer qui était tout le temps avec nous… Ce sont ces gens-là qui te font réaliser ton accomplissement et c’est le meilleur moment des Jeux.

La dernière flèche gagnante de Lisa Barbelin, synonyme de médaille de bronze. PUNIT PARANJPE / AFP

Avez-vous un autre moment marquant en tête ?
Lisa Barbelin : Baptiste en a un peu parlé, mais c’est le Club France. C’était exceptionnel. Il y avait tous les gens qui ont beaucoup compté pour nous. Passer dans la foule, faire un clapping avec près de 20.000 personnes, c’était incroyable.

Baptiste Addis : Moi, ça a été de voir mes entraîneurs fiers de moi. De les voir comme ça, ça me rend heureux et ému.

Pour vous, quel est votre sportif « coup de cœur » de ces JO ?
Lisa Barbelin : Samir Ait-Saïd (gymnastique, NDLR). Il n’est pas médaillé mais il le mérite tellement… Il le mérite 1000 fois plus que beaucoup d’autres. Ces Jeux devaient être les siens mais malheureusement, ça n’a pas été le cas. Je trouve que c’est un sportif hors-norme, capable de se surpasser et d’aller chercher loin dans la difficulté. C‘est un immense champion.

Baptiste Addis : Pour moi, c’est Félix Lebrun. C’est le mec qui arrive avec plein d’assurance. Finalement, on partage à peu près le même sport parce que dans le tennis de table il y a une domination chinoise alors que pour nous elle est coréenne. Mais lui, il a tout donné et il récolte deux médailles. Il m’a fait rêver.

J’ai eu beaucoup de sollicitations puis je suis reparti en cours et j’ai repris les entraînements comme si de rien n’était. On a presque tout oublié. Après, il y a quand même plus de personnes qui s’intéressent au tir à l’arc et on verra ça sur les prochaines compétitions

Baptiste Addis

Votre notoriété a forcément fait un bond. Comment l’avez-vous gérée ? Est-elle retombée ?

Lisa Barbelin : Elle retombe un peu, oui. Mais moi, j’ai vu une nette différence parce que j’ai été invitée à énormément d’évènements auxquels je ne pensais jamais être invitée. Je pense au Salon du chocolat où j’ai défilé avec une robe en chocolat. Jamais je n’aurais imaginé faire ça un jour. Très récemment, avec mon compagnon Thomas, on a été invité au dîner du Who’s Who. C’était un énorme événement avec des gens très connus, c’était un honneur.

Baptiste Addis : Effectivement, ça retombe. J’ai eu beaucoup de sollicitations puis je suis reparti en cours et j’ai repris les entraînements comme si de rien n’était. On a presque tout oublié. Après, il y a quand même plus de personnes qui s’intéressent au tir à l’arc et on verra ça sur les prochaines compétitions. Sur les réseaux, oui, il y a une petite communauté en plus. Mais je suis revenu comme un lycéen ordinaire.

Baptiste Addis, reconnaissable à son bandana. PUNIT PARANJPE / AFP

Quelles sont vos prochaines échéances ? 
Lisa Barbelin : Je le vois plus étape par étape. Moi, je pense à la sélection au mois de mars. Avec, en ligne de mire, le championnat du monde qui sera en septembre en Corée du Sud. Je me prépare essentiellement pour cette étape-là.

Baptiste Addis : Moi, je vais à Taïpei la semaine prochaine. C’est une Coupe du monde en salle. Après, j’ai le Championnat du monde Jeune en août 2025. Ma saison va tourner autour de ça. Ce n’est pas gagné d’avance mais je suis motivé.

Baptiste, pouvez-vous citer une qualité et un défaut de Lisa ? Et Lisa, pouvez-vous faire de même pour Baptiste ? 
Lisa Barbelin : Une qualité... Je dirai que c’est un énorme ambitieux. Il n’a peur de rien. Ça se voit d’ailleurs, il fait toujours le débile et ça fait rire tout le monde (rires). Et un défaut, qu’est-ce que je pourrais dire… (elle réfléchit) Des fois, il est un peu trop blagueur. Et à l’entraînement, il faut être concentré. Sauf qu’avec lui, ce n’est pas tout le temps le cas (rires).

Baptiste Addis : Je pense que c’est un défaut et une qualité mais ce sont les émotions que tu transmets. Lisa est hyper pétillante, elle a la joie de vivre et c’est communicatif. Mais des fois, les émotions prennent le dessus. Elle a su jouer avec ses émotions. Ça s’est ressenti pendant ces Jeux. Il y a pire comme défaut ! (rires).


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