Un matin de 1858, vers 11 heures au Café des Variétés. Au cœur du quartier des Grands Boulevards, centre de la vie mondaine et journalistique, Hippolyte de Villemessant déjeune. Le Figaro vient de paraître. La nuit fut courte. Il a dû couper lui-même les feuillets de ses journalistes dans l’imprimerie où s’activent les presses mécaniques jusqu’au petit matin. Il tend l’oreille. De quel article parle-t-on ? S’il entend faire l’éloge d’un papier, il donnera une prime à son auteur. Si, au contraire, on en dit du mal, il le convoquera, et lui offrira une fine canne en jonc, signe qu’il doit aller se promener ailleurs.
Villemessant cause, teste des anecdotes, des bons mots, des « nouvelles à la main », qu’il mettra peut-être dans son journal demain si elles font rire, qu’il oubliera si elles font un four. Autour de lui une petite cour entoure le « prince des journalistes ». On les appelle ces jeunes gens, plein de verve, de talent et d’ambition, ces voltigeurs de la presse parisienne…