La Russie a confirmé dimanche que plusieurs de ses avions militaires avaient «pris feu» lors d'une vaste attaque de drones ukrainiens, affirmant avoir arrêté des suspects. «Dans les régions de Mourmansk et d'Irkoutsk, plusieurs appareils aériens ont pris feu à la suite du lancement de drones FPV depuis un territoire situé à proximité immédiate des aérodromes», a écrit le ministère russe de la Défense sur Telegram. Les drones FPV («First person view» en anglais) permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s'ils étaient à bord.
«Les incendies ont été maîtrisés. Il n'y a pas de victimes parmi les militaires et le personnel civil», a ajouté cette source. Le ministère a ajouté que «certains participants aux attentats ont été arrêtés».
Opération préparée pendant plus d’un an et demi
L'Ukraine a mené dimanche une attaque d'une ampleur rare, visant des aérodromes situés à des milliers de kilomètres de ses frontières. Quelque 41 avions utilisés pour «bombarder les villes ukrainiennes» ont été touchés, a-t-elle indiqué, citant notamment des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22 et des appareils radar A-50, selon une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU).
Le ministère russe de la Défense a confirmé une attaque de drones dans des aérodromes des régions de Mourmansk et d’Irkoutsk, respectivement dans l’Arctique russe et en Sibérie orientale. Le premier des deux aérodromes cités, Olenia, est à près de 1.900 kilomètres de l’Ukraine, et le deuxième, Belaïa, à environ 4.300 kilomètres de l’Ukraine. Les services ukrainiens ont publié une vidéo censée montrer la base de Belaïa, dans laquelle on peut voir plusieurs appareils en flammes, des panaches de fumée noire s’en élevant. Il s’agirait de la première attaque ukrainienne aussi loin du front.
L’Ukraine a cette fois fait passer clandestinement en Russie des drones, ensuite cachés dans des structures en bois dans le plafond de containers de transport, selon la source ukrainienne. Leurs toits ont ensuite été ouverts à distance pour laisser s’envoler les engins, selon elle. Des vidéos, relayées par des médias russes mais dont l’authenticité n’a pas été vérifiée, montrent des drones semblant s’envoler de camions. L’opération ukrainienne, au nom de code «toile d’araignée», a été préparée pendant plus d’un an et demi et supervisée par le président Volodymyr Zelensky, selon la source ukrainienne. Elle a visé d’autres aérodromes dans les régions d’Ivanovo, de Riazan et de l’Amour, soit aux confins de la Chine dans l’Extrême Orient russe, mais ces attaques ont été repoussées, a assuré le ministère russe.
«Graves erreurs» des services spéciaux russes
Des responsables politiques ukrainiens ont salué une opération «brillante». Des blogueurs militaires russes ont déploré à l’inverse un «jour noir pour l’aviation» de leur pays. La chaîne Telegram Rybar, proche de l’armée russe, a estimé qu’«il s’agit sans exagération d’un coup très dur», dénonçant de «graves erreurs» des services spéciaux russes. Les conséquences de cette attaque sur les capacités militaires de la Russie sont difficiles à prédire, mais sa portée symbolique est importante dans le contexte des négociations. L’Ukraine est à la peine sur le champ de bataille, son armée moins nombreuse et bien armée que celle de la Russie.
Cette attaque spectaculaire survient à la veille de négociations attendues entre Russie et Ukraine en Turquie, proposées par Moscou. Après avoir laissé planer le doute en accusant la Russie de saborder à l’avance les négociations, le président Volodymyr Zelensky a finalement annoncé dimanche qu’une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi.