Pierre Lapointe, le dernier des grands romantiques

Le temps du « chanteur aux pieds nus » (son surnom quand il faisait ses premiers pas sur scène) est bien révolu. « C’était un marqueur marketing », reconnaît aujourd’hui Pierre Lapointe, qui cherchait alors à se démarquer. Mais avec les jolis mocassins qu’ils portent maintenant, son énorme nœud papillon, presque clownesque et son costume gris avec des strass, il a gagné en pertinence, en assurance... à force de métier et d’une liberté bien assumée.

D’un album à l’autre, il est devenu de plus en plus percutant ; aussi bien dans ses chansons que dans leur présentation car Lapointe aime raconter leur genèse, du début de leur histoire à leur réalisation. Comme si chacune était un livre à part entière. Son concert et son nouvel album, Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, peaufinent la formule qui n’appartient qu’à lui.

Un art de s’adresser à chacun, et de lui faire entendre combien son cœur est abîmé, quel que soit son sexe, quels que soient ses choix ou son orientation ! Rien d’étonnant à ce qu’il ait fait un triomphe à l’Hyper week-end Festival, où il s’est produit dans le grand auditorium de Radio France. Un succès d’autant plus retentissant que le public est connaisseur, et gourmand de ces chansons françaises dont cette manifestation hors norme a fait sa spécialité.

Sur scène, très à l’aise, ou du moins apparemment, Pierre Lapointe parle de lui avec, souvent, une note de dérision qui fait rire la salle. Son humour détend l’atmosphère et c’est tant mieux, car ses chansons sont denses et poussent au vague à l’âme. Ses mélodies appuient des textes ciselés et le spleen profond dont il semble ne pas pouvoir se défaire.

Pierre Lapointe se chante tel qu’en lui-même. Sans fard, mais toujours avec une infinie délicatesse et une immense poésie. Autant dire, l’authentique signature de celui qui se veut aujourd’hui « le dernier grand romantique de la chanson française ».


Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, paru chez Audiogram. 
En tournée au Québec, puis en France : le 7 mai à Rouen, le 8 à Bruxelles, le 9 à Saint-Omer, le 12 à l’Olympia à Paris.