Plongée dans l’Oaxaca, l’âme sylvestre du sud du Mexique
Cet article est issu du Figaro Magazine .
Au sud du Mexique, c'est un État qui porte presque le même nom que sa capitale, Oaxaca de Juárez, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco et dont l'architecture colorée évoque un temps que ce voyage, précisément, veut abolir, celui des conquérants qui gommèrent traditions et modes de vie des autochtones. C'est tout le contraire que porte cette nouvelle aventure au Mexique, imaginée par Thierry Teyssier, entrepreneur iconoclaste et philanthrope convaincu que « l'hospitalité sauvera le monde », et Diane Binder, experte en développement durable sur des microprojets, à travers 700'000 heures Impact.
Quèsaco ? Un concept pionnier de l'hospitalité régénérative. Mais encore ? Un voyage immersif haut de gamme et cousu main qui utilise le tourisme pour recréer une économie locale qui n'en sera pas dépendante. Un circuit truffé de rencontres inattendues, riches, fondatrices. Pour les voyageurs, ce sont des expériences extraordinaires, exclusives, éclairant un univers confidentiel, un patrimoine en péril. Pour les communautés locales, c'est un levier, qui valorise la culture, la nature, ne change pas les équilibres. 700'000 heures Impact est la version aboutie de 700'000 heures, un hôtel itinérant unique dont le nom fait référence au temps passé en moyenne sur terre.
À lire aussiDe La Condesa à La Roma, carnet de voyage dans le Mexico d'aujourd'hui
Le temps était trop court : comment espérer régénérer quoi que ce soit si l'on part sans retour ? Ne pas laisser de trace, certes. Mais cette autre logique booste l'ensemble : revenir, multiplier les saisons de l'hospitalité génère un lien, redonne du souffle par la confiance pour qu'à nouveau ce lieu qui nous a émerveillés respire. « Être dans une logique régénérative et non paternaliste, cela ne peut passer par le one shot », reconnaît Thierry Teyssier qui, au Mexique, applique ce qu'il a bien compris : associer les communautés à l'intention du périple au risque de passer pour un arrogant.
« L'hospitalité est une impulsion. L'objectif, c'est l'autonomie à deux ou trois ans », insiste Diane Binder, qui active ses réseaux bancaires, universitaires, humanitaires, onusiens pour multiplier les sources de financement sur le long terme, des projets de développement. Le tourisme est un monde nouveau pour elle. Et cette façon de l'appréhender pulvérise ses a priori. Elle s'enthousiasme : « Ce qui est extraordinaire, c'est l'authenticité des rencontres. Le voyageur est exposé de manière organique car la volonté de 700'000 heures Impact est de s'ancrer. » Le projet pilote mené en 2023 à Tiskmoudine, au Maroc, n'était donc pas un mirage. Thierry Teyssier essaime ailleurs.
Prendre le pouls de la culture locale
En Amérique latine, 700'000 heures avait posé une maison pop-up surgie de ses grosses malles de magicien dans les Lençóis Maranhenses, au Brésil, et 700'000 heures Impact va plus loin. Le concept a été lancé cet été au Pérou, dans la forêt en Amazonie, avec une première saison au format sédentaire. La suivante misera sur l'itinérance. Sortir du cadre, du décor qui nous plonge dans un monde enchanté est une condition nécessaire pour comprendre où l'on s'est évadé, le pays, ses habitants, et ces biens communs que ce voyage contribue à ressusciter.
Au Pérou, la saison de l'hospitalité est passée. Chaque destination a la sienne. C'est à présent celle du Mexique qui dure d'octobre à mars. Quelques mois d'accueil pour quelques années d'ancrage. La chance de pouvoir revenir. Vivre encore ce voyage qui cultive l'art de l'improvisation selon l'inspiration, explore autrement l'État d'Oaxaca, dans les montagnes et vallées de la sierra Madre del Sur et de la sierra Madre orientale.
L'itinéraire compte dix jours autour de l'histoire, de la culture, du patrimoine du pays. Et tout commence dans la capitale, où une incroyable maison traditionnelle privée nous attend pour trois nuits. On prend le pouls de la culture locale. Et on se laisse embarquer dans une étourdissante cérémonie du mezcal. Que sait-on, sous nos latitudes, de ce rituel chamanique ancien qui remonte à l'époque préhispanique ? « On préserve l'ADN du mezcal, ce n'est pas du marketing », assure Thierry Teyssier.
On ose, dans la ville arty d'Oaxaca, s'initier au street art avec des graffeurs locaux. Mieux : « Ce sont des activistes sur les droits des Indigènes, se réjouit Thierry Teyssier, qui se délecte. On a besoin de cette transgression par la beauté et par la poésie. Vous faites votre dessin, vous l'imprimez, et à la fin vous allez le coller sur les murs. J'aime ce petit frisson. Bon… Vous pouvez le conserver aussi. »
Dégradation environnementale
Au cours du périple, une photographe qui travaille avec des ONG donne sa caméra aux habitants pour que les clichés changent de regard, suscitent chez nous aussi de l'étonnement. Déconnexion, tranquillité, volupté. La deuxième halte de trois jours à Puerto Escondido retient le temps. Les minutes s'alanguissent mollement dans le sable où est plantée une cabane design avec seulement la mer pour horizon.
À lire aussiHôtel Royal Mansour Tamuda Bay, nouvelle perle de la Méditerranée
Sur la plage, une surprise : une mise en scène de rêve, comme Thierry Teyssier, ancien homme de théâtre, en a le secret. Des pêcheurs viendront ici nous chercher pour prendre la mer, découvrir la ponte des tortues, puis débarquer dans leur village, El Puertecito, où nous serons reçus pour de précieux instants, comme si nous étions de vieilles connaissances. Hors du temps, la nuit s'installera alors sur notre plage en musique, la leur, afin que le village entre dans notre fête.
La balance met le voyage à l'équilibre. Bientôt, c'est le point d'orgue. Le projet d'hospitalité régénérative est à la halte trois. Son écrin : les majestueuses montagnes de Pueblo del Sol, une forêt privée de 800 hectares rachetée avec ses rivières, ses cascades, ses sources d'eau potable, il y a sept ans par un homme d'affaires pour qu'il n'y ait plus d'exode, que les jeunes générations y envisagent leur avenir grâce à des échanges entre les populations indigènes et celles qui viennent du Mexique ou d'ailleurs.
« Notre voyage au Mexique est venu de sa vision. Il nous a touchés », souffle Diane Binder, qui explique le problème : « Dans la région de San Pedro Mixtepec, l'exploitation irraisonnée des ressources met en danger tous les pans de la biodiversité. En parallèle de cette dégradation environnementale s'ajoute une lente disparition du patrimoine culturel des communautés autochtones et des savoirs ancestraux, transmis de génération en génération. Pueblo del Sol est l'une des réponses à ce défi contemporain : un nouveau modèle économique qui repose sur les habitants. »
Des plantations ont poussé : café, vanille, agave dont on s'initie aux différentes méthodes de production. La céramique est pour nous un atelier mais le potier garde le temps de créer, et le miel, une ruche de souvenirs régénérants pour soi-même. L'hébergement est confidentiel, la cuisine ultra-locale mais on n'a pas à s'inquiéter de la fraîcheur ni de la conservation des mets car tout a été vérifié. Notre nuit en forêt promet de bruisser d'oiseaux. Au soleil couchant vient le temps de la méditation.
Club Faune Voyages (01.42.88.31.32 ; Club-faune.com), partenaire privilégié de 700'000 heures depuis sa création, propose un voyage de 13 jours Paris/Paris hors des sentiers battus au Mexique, entre Mexico City et la côte pacifique dans l'État d'Oaxaca. À partir de 11.900 € par personne avec le vol A/R en classe Éco, l'hébergement en pension complète, l'itinéraire sur mesure.