Le début de l’année 2025 s’annonce morose pour l’économie française. Selon l’Insee, la croissance a péniblement atteint 0,1% au premier trimestre. Pour les trois mois à venir, l’organisme public table sur une légère accélération à 0,2 %. La France échappe donc, pour le moment, à la récession technique.
La consommation des ménages en recul
La consommation des ménages marque le pas : -0,6% contre +0,1% au dernier trimestre 2024. Dans un contexte économique marqué par l’incertitude, elle reste normalement le principal moteur de l’activité – ce poste représente plus de 50 % de la création de richesse nationale. Les achats de biens fabriqués reculent par exemple nettement au premier trimestre (-1,1%). La consommation alimentaire est également en baisse sur la période.
Exportations, investissements privés, dépenses publiques... Aucun moteur traditionnel de la croissance ne semble véritablement reprendre. Dans le détail, l’économie hexagonale souffre en outre de l’absence de soutien du commerce extérieur. Les chiffres des deux premiers mois de l’année ont révélé un déficit commercial plus élevé qu’avant la crise du Covid-19.
À lire aussi Visualisez l’évolution des chiffres du chômage en France
Les enquêtes de conjoncture montrent aussi que de nombreux ménages privilégient encore la prudence. Le taux d’épargne reste ainsi élevé, bien supérieur à son niveau d’avant la crise sanitaire, autour de 18% du revenu disponible. Concrètement, chaque mois, près d’un cinquième des revenus des ménages est mis de côté plutôt que consacré à la consommation.
Les mesures budgétaires affectent l’activité
La succession de crises politiques en 2024 a sérieusement entamé la confiance des entreprises, les poussant à plus de prudence. Dans les enquêtes de conjoncture, peu de firmes se disent prêtes à augmenter leurs investissements en 2025. Selon l’Insee, l’effort demandé aux entreprises dans le cadre des mesures budgétaires devrait par ailleurs représenter une baisse de 0,9 point de leur valeur ajoutée. Ajoutez à cela le fonctionnement de l’État sous régime spécial, avant l’adoption du budget 2025, qui a réduit les dépenses au minimum durant cette période. Ce coup d’arrêt de la consommation publique affecte l’activité au premier trimestre.
Toutes les projections revues à la baisse
Face à cette situation, les prévisions pour 2025 ont été revues à la baisse. Le gouvernement, qui fondait son budget sur une hypothèse de croissance de 0,9%, a réduit ses ambitions à 0,7%. La Banque de France table désormais elle aussi sur une progression du PIB de 0,7%, prenant notamment en compte dans ses projections la hausse de 10 points des droits de douane américains.
Même prudence du côté de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui a abaissé son estimation à 0,5% pour 2025, contre 0,8% précédemment. L’organisme pointe une épargne des ménages toujours élevée et des investissements privés en retrait, malgré l’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne. À plus long terme, une embellie est espérée en 2026. La Banque de France et l’OFCE anticipent un rebond modéré de l’activité, avec une croissance du PIB autour de 1,1%.