Défilés de Paris : Germanier olympique et Marie Adam-Leenaerdt à table

Le monde entier a vu ses créations pendant les JO. Les tenues du Golden Voyager, du pianiste suspendu à côté de Juliette Armanet et de certains personnages de cette « Cène » revue et corrigée par Thomas Jolly lors des cérémonies, c'était lui, Kevin Germanier, le Suisse volubile derrière la marque Germanier. « J'ai eu des vacances olympiennes, nous confie-t-il la veille de son show pour l'été 2025. J'ai tout adoré de cette expérience qui a duré neuf mois. C'est fou, les répercussions positives comme négatives de ces costumes. Clairement, les Jeux olympiques touchent tout le monde, même des gens moins sensibles à la mode. J'ai même reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux, mais elles ont eu l'effet inverse qu'escompté. » Le jeune créateur indépendant n'a eu donc que quelques semaines pour mettre au point sa collection. Baptisée Les Désastreuses - jeu de mots avec les astres et l'astrologie, elle met en scène une vingtaine de créatures toutes de paillettes, strass et pampilles vêtues, sorte de mélange entre Les Chevaliers du Zodiaque (anime culte du Club Dorothée) et les drag-queens de RuPaul’s Drag Race. La Grande Dame, ami du designer, présente une combinaison de paillettes argent évoquant la lune tandis que le Golden Voyager himself (Arthur Cadre à la ville) exécute une danse (très) intense dans un manteau de guirlandes récupérées auprès d'une discothèque. Ici, les restes d'un costume des JO, d'anciennes collections, des morceaux de mannequins en plastique recueillis dans les poubelles du quartier du Sentier, des paillettes iridescentes ayant échoué au contrôle qualité ou la tenue de fin d'études d'un étudiant sud-américain découvert sur Instagram prennent une seconde vie. « Ma marque est une plateforme pour véhiculer du bonheur. En ce moment, les gens ont vraiment besoin de ça ! »

Meilleure idée de la Fashion Week : organiser son show à midi dans un restaurant. Plus précisément, chez Terminus Nord, l'emblématique brasserie devant la gare du Nord « parce que c'est le premier lieu de Paris que l'on voit quand nous, les Belges, on arrive du Thalys, explique Marie Adam-Leenaerdt. Et puis, lorsque vous commencez à placer vos chaises dans un espace de défilé, il devient un décor un peu factice. Là, les chaises font partie de la vie. » Au menu, œufs mayo et pâté en croûte pour une salle pleine à craquer venue voir son quatrième défilé. Si elle n'a pas gagné au dernier LVMH Prize, la jeune femme de 28 ans progresse et élargit son cercle d'adeptes de saison en saison. « Cette collection est partie de l'observation que 90 % des gens portent un tee-shirt l'été. Ce qui, évidemment, appauvrit le vestiaire et le look. C'est un uniforme et une facilité. J'ai donc gardé l'idée du confort et de la simplicité en déclinant le jersey en des vestes, des robes-tabliers pour la notion d'uniforme, des vestes à basques, des ensembles-pantalons qui se tiennent. » Elle traite également le vêtement domestique, comme cette lingerie détournée en robe housse. Un modèle dans une très belle robe du soir blanche qui se noue en tablier dans le dos, caresse, en passant, la surface d'une console de la brasserie dans un geste d'un raffinement exquis… Pour cette ancienne élève de l'école de mode bruxelloise La Cambre, le conceptuel reste toujours bienveillant envers les femmes. Et, pour ne rien gâcher, son sens de la convivialité rappelle celle passée d'autres Belges, flamands cette fois, Martin Margiela et Dries Van Noten.