Près de Lyon : des tonnes de gaz cancérigène rejetés dans l’air, la préfecture serre la vis
Un nouvel arrêté préfectoral vise à réduire de quatre tonnes par an des rejets de chlorure de vinyle monomère (CVM), cancérigène avéré, produit par le chimiste Kem One sur son site de Saint-Fons, au sud de Lyon.
Passer la publicité Passer la publicitéSpécialiste du PVC, le chimiste Kem One est dans le viseur des services de l’État. Le site classé Seveso seuil haut, installé à Saint-Fons (Rhône), dans la vallée de la chimie, rejette plusieurs tonnes de gaz cancérigène dans l’environnement chaque année depuis des décennies. Après plusieurs mesures préfectorales et une nouvelle évaluation du risque rendue l’été dernier, la préfète du Rhône, Fabienne Buccio, a pris un arrêté ce vendredi pour mieux encadrer et contrôler ces rejets.
Plusieurs études sur la décennie écoulée ont montré l’état «dégradé» de l’air autour du site, en raison de la présence de chlorure de vinyle monomère (CVM). Ce composé organique volatil est produit au cours de la fabrication du PVC. Il est classé comme cancérigène avéré et ses rejets sont encadrés. La préfecture du Rhône demande donc au chimiste d’abaisser les rejets de CVM de quatre tonnes par an à compter de 2027. D’ici là, il devra remplacer les vannes à l’origine des émissions les plus importantes et renforcer la surveillance environnementale autour du site.
Passer la publicitéUne étude de 2014 montrait déjà des dépassements importants du seuil de CVM préconisés par l’OMS. Le risque sanitaire était jugé «significatif» dans une analyse de 2017. Situées dans la banlieue immédiate de Lyon, la vallée de la chimie et sa dizaine de sites Seveso se trouvent au cœur d’une zone densément peuplée. Quelque 630.000 habitants vivent ainsi dans le périmètre de quatre kilomètres de rayon autour du site Kem One. Un périmètre où sont implantés 29 établissements de santé mais aussi 31 écoles et 29 crèches, dont les plus proches se trouvent à 250 mètres seulement du site.
Des rejets minimisés ?
Des arrêtés d’encadrement des rejets de CVM ont été pris depuis 2011, lorsque le site appartenait à Arkema. En 2019, la préfecture avait établi une limite de 21 tonnes de rejet annuel de CVM à compter de 2021. Kem One avait présenté cette année-là un résultat conforme, mais erroné. «Un écart a été constaté entre les valeurs mesurées dans l’environnement et celles modélisées, conduisant Kem One à réévaluer l’estimation de certains de ses rejets», indique le rapport de l’été dernier. Le résultat retenu pour 2021 fut finalement de 34 tonnes, bien au-delà du plafond fixé donc. Bien en dessous des 72 tonnes déclarées en 2018 aussi.
À lire aussi Des tonnes de polluants éternels déversées dans le Rhône au sud de Lyon
«Il serait temps que les services de l’État soient renforcés afin d’assurer les contrôles et la police au sein du plus vaste ensemble pétrochimique de France !», s’agaçait récemment le vice-président de la métropole de Lyon en charge de la prévention des risques, Pierre Athanaze (Les Écologistes). L’arrêté pris par la préfecture ce vendredi mentionne un resserrement des contrôles. Il prévoit aussi l’installation de capteurs, en lien avec la métropole et la commune de Saint-Fons.