Nouveau rétropédalage du gouvernement. Alors qu’il devait être temporairement suspendu, le dispositif d’aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’va finalement être maintenu durant la trêve estivale… Sauf que les travaux de rénovation ne devront être qu’isolés.
C’est ce qu’a annoncé le ministère du logement lundi 16 juin. « Le guichet des « monogestes » ne fermera pas pour l’été », a-t-on affirmé au ministère. Et ce au plus grand soulagement de la filière, « qui avait manifesté un fort mécontentement », dit-on encore au ministère.
Pour rappel, la principale aide publique à la rénovation énergétique des logements avait été suspendue au cours de l’été, suite à un allongement des délais d’instructions. Depuis le début de l’année, le nombre de logements ayant bénéficié d’une rénovation énergétique d’ampleur a triplé au premier trimestre de l’année grâce à cette aide.
62 millions de passoires énergétiques
Logique, alors que la France compte 6,2 millions de passoires énergétiques (classées F ou G au diagnostic de performance énergétique). Logique aussi, alors que les logements les plus énergivores (G) ne peuvent plus être loués depuis cette année, et qu’ils ne le seront plus en 2028 pour les F et 2034 pour les E. Logique encore, alors que le réchauffement climatique devient une réalité chaque année plus palpable.
Le gouvernement devrait se réjouir du succès de cette aide publique pour la bonne cause, lancée en janvier 2020. Au contraire, alors que le dispositif était de plus en plus sollicité par les Français, il décide très vite de réduire l’enveloppe budgétaire allouée à MaPrimeRenov’ : les 4 milliards d’euros initialement prévus pour 2024 ont rapidement été remaniés à 3 milliards d’euros en cours de la même année, puis à 2,3 milliards d’euros.
Puis, le gouvernement a prétexté de la lutte contre la fraude d’entreprises en charge des travaux pour geler durant l’été l’une des principales aides à la rénovation. Mais c’était sans compter sur la toute-puissante filière du bâtiment, qui ne tarde pas, via la Fédération française du bâtiment, de faire savoir qu’avec ce gel, « un point de retour avait été atteint ».
C’est elle aussi qui demande au gouvernement, a minima, le maintien du monogeste. À défaut de quoi elle menaçait d’engager « avec ses fédérations locales des actions revendicatives de terrain ». Menace rapidement entendue. Le ministère du logement vient de l’annoncer : on pourra ainsi demander des aides pour isoler ses combles, ou remplacer une chaudière au gaz ou au fioul par une pompe à chaleur. Mais pas les deux à la fois.
Quant aux travaux d’ampleur, la suspension des aides, annoncée initialement à partir du 1er juillet, pourrait même l’être plus tôt, selon les sources du Parisien. Certes, le dispositif était loin d’être parfait, devant la complexité des dossiers à réaliser. Mais il permettait à des familles très modestes, qui pouvaient être accompagnées dans le montage de leurs dossiers, de bénéficier d’une prise en charge qui pouvaient atteindre 90 % des dépenses pour un plafond de 70 000 euros de travaux.
Une réforme qui allait dans le bon sens pour bon nombre d’associations dont le Cler, le Réseau pour la transition énergétique. Comme l’expliquait le coordinateur de la campagne Rénovons au sein du Cler, Danyel Dubreuil, dans les colonnes de Que Choisir en 2024, la rénovation globale demeure performante car « c’est ainsi que l’on répond à tous les enjeux de la rénovation. Pas seulement la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi la baisse des factures pour les foyers, l’amélioration du confort et de l’hygiène du logement ».
Certes, les rénovations d’ampleur restent plus complexes, cumulant plusieurs gestes de rénovation. Mais elles sont surtout bien plus efficaces que les rénovations par monogeste pour sortir de la précarité énergétique et réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux logements. Pour Danyel Dubreuil, pas de doute : « Autoriser des passoires énergétiques à pouvoir seulement changer leur système de chauffage sans avoir fait les travaux d’isolation nécessaires au préalable, c’est une aberration ».
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