Meurtre de Thomas : passe d’armes entre Darmanin et Zemmour sur les prénoms des suspects

Ce sont deux hommes qui sont habitués aux propos chocs et francs. Dix jours après la mort de Thomas dans le village de Crépol, les polémiques s’enchaînent autour du meurtre de ce jeune homme de 16 ans. Alors que neufs suspects, dont trois mineurs, ont été mis en examen, dont six ont été envoyés en détention provisoire, les prénoms de ces derniers ont tardé à être révélés. Les patronymes commençant à être dévoilés ce week-end sur les réseaux sociaux et dans la presse, le président de Reconquête! Éric Zemmour avait accusé Gérald Darmanin de vouloir «cacher ces noms».

«Chacun comprendra pourquoi. (...) Vous ne pouvez pas lui cacher indéfiniment les causes de son malheur», avait cinglé l’ancien candidat nationaliste à la présidentielle. Une première partie de phrase laissant libre cours aux interprétations...et qui n’a pas échappé au principal intéressé. Invité de France Inter ce mardi matin, le ministre de l’Intérieur a expliqué «avoir pris les propos de Monsieur Zemmour comme une insulte raciste personnelle à (son) encontre.» «Je sais pourquoi il le dit : mon deuxième prénom, c’est Moussa. Je suis petit-fils de combattants français qui viennent d’Algérie. Il ne le fait pas par hasard», a alors persiflé le locataire de la place Beauvau. Lequel laisse «les insinuations de Monsieur Zemmour dans le côté nauséabond de sa pensée.»

Une charge à laquelle a répondu dans la foulée Éric Zemmour. Sur X, l’ancien essayiste a demandé au premier flic de France de «cesser de pleurnicher et de tout ramener à (lui).» «Vous faites croire que je vous attaque parce que votre deuxième prénom est Moussa. Au lieu d'admettre que c'est bien par lâcheté que vous avez voulu cacher ces noms», a-t-il complété dans une réponse plus détaillée, publiée chez Valeurs Actuelles.

«Vous voulez être la victime»

Face à cette pression venue des rangs de la droite nationaliste, qui l’accuse d’avoir voulu masquer l’origine de ces prénoms pour ne pas être accusé de stigmatisation, le ministre a fait valoir que son rôle ne se résumait pas à cela : «Ce n’est pas moi, et ça n’a été le cas d’aucun des ministres de l’Intérieur de la République, qui donne les noms, les prénoms, les adresses des personnes. C’est le procureur de la République.» Rappelant qu’une très large majorité des suspects sont Français, Gérald Darmanin a refusé «que l’on classe les Français selon les grands-parents, les quarts de grands-parents.»

«Monsieur Zemmour met les gens dans des cases, et il pense qu’ils sont délinquants parce qu’ils sont étrangers», a également raillé le ministre. Éric Zemmour, lui, a bien évidemment une autre vision des évènements. Et a moqué la défense du ministre. «Vous ne vous intéressez pas au prénom des délinquants sauf quand vous trouvez quelques Kévin et Matteo (...) Vous voulez être la victime, pour nous apitoyer. Mais non, vous n'êtes pas la victime. Vous n'avez pas été poignardé», a-t-il vigoureusement lancé au membre du gouvernement.