Suzanne Vega et Daniel Balavoine, albums de la semaine du Figaro

Suzanne Vega, Flying With Angels (Cooking Vinyl)

Elle a beau avoir été reconnue pour une poignée de tubes - Luka et Tom’s Diner notamment - on ne peut pas s’empêcher de penser que Suzanne Vega est une des artistes les plus sous-estimée de son époque. Elle le rappelle opportunément avec l’excellent Flying With Angels, son premier album en onze ans. Une réussite de plus à porter au crédit de la jeune sexagénaire qui n’a jamais sorti de mauvais disque en quatre décennies de carrière. Particulièrement appréciée en France, la New-Yorkaise a puisé l’inspiration pour ce nouveau cycle de chanson dans la pandémie de Covid survenue en 2019-2020. Elle y retrouve une veine rock absente de ses disques plus récents, qui racontent qu’elle est autant une héritière de Lou Reed que de Leonard Cohen. Sur Chambermaid, qui reprend la grille d’accords de I Want You, elle rend un puissant hommage à un autre de ses héros, Bob Dylan, qui s’est déclaré enchanté par la chanson. L’album est réalisé avec beaucoup de finesse par le guitariste irlandais Gerry Leonard, qui fut un des derniers lieutenants de David Bowie. Suzanne Vega chante divinement des paroles d’une grande intelligence et d’une grande sensibilité. Des qualités rares et précieuses qui donnent à ce retour les allures d’un come-back très réussi. Pour paraphraser un titre signé par Lou Reed dans les années 1980, « We Love You Suzanne »...

Daniel Balavoine, Sur scène (Panthéon/Universal Music)

Le mois de janvier prochain marquera le 40e anniversaire de la disparition du chanteur Daniel Balavoine, fauché en pleine jeunesse pendant une opération de charité dans le cadre du rallye Paris Dakar. Mais Universal Music, qui détient l’intégralité de ses enregistrements pour le label Barclay, n’a pas attendu cette échéance pour rééditer le premier album live de la courte carrière de l’auteur-compositeur-interprète. Cette sortie touche particulièrement l’auteur de ces lignes, qui assistait au moment de la tournée consignée sur l’album au tout premier concert de sa jeune vie. Daniel Balavoine était un artiste de scène généreux et intense, et ce témoignage le prouve amplement. Et l’homme valait mieux que l’image de l’artiste de variété qu’il décrivait dans Le Chanteur, un des meilleurs titres de l’histoire au sujet de la célébrité. Musicien exigeant, producteur scrupuleux, Balavoine a eu à cœur de faire sonner sa musique au mieux, et on peut l’entendre nettement sur ces titres en public. Le groupe qui l’accompagne déroule des arrangements nouveaux et parfois spectaculaires sur des titres aussi entendus que Mon fils, ma bataille ou Quand on arrive en ville, tiré de l’opéra-rock de Michel Berger et Luc PlamondonStarmania. Surtout, Balavoine chante magnifiquement d’un bout à l’autre du concert, sa voix aiguë naturelle, et taillée pour le rock, très à l’aise dans différents registres. Sorti en 1981, le disque n’inclut pas les trois derniers albums du chanteur, ceux qui achevèrent de faire de lui une valeur sûre de la chanson rock en français. On notera la participation de Michel Berger, en duo sur Bateau toujours.