Et si les droits de douane imposés par Donald Trump étaient une aubaine pour les pommes françaises ?

Cette année, il y a un alignement des planètes pour la pomme française. Ses concurrents, la Turquie, la Chine, la plupart des pays d’Europe de l’Est sont en petite forme. La Chine, premier producteur mondial, vise plutôt 40 millions de tonnes de pommes, contre 48 millions de tonnes l’année dernière, selon l’Association Nationale Pommes-Poires (ANPP). Pour la Turquie, un poids lourd qui exporte beaucoup en Europe, c’est une récolte catastrophique : 2,7 millions de tonnes cette année contre 4,4 millions un an plus tôt.

La France prévoit, elle, une bonne récolte, de près d’1,5 million de tonnes. Et surtout elle a des stocks disponibles pour l’exportation, parce que les trois dernières années ont été excellentes. Ajoutés à la guerre commerciale de Donald Trump, "de nouveaux marchés à l’export pourraient s’ouvrir", prédit le journal Les Échos. Des négociations étaient en cours depuis 25 ans avec le Mexique. Jusque-là, le marché était réservé aux Américains. "On n'arrivait pas à aboutir", raconte Pierre Venteau, le directeur de l’ANPP, mais "au mois de mars tout s’est débloqué, quand Donald Trump a agité les droits de douane". Une partie de la récolte hexagonale, cet été, pourrait donc être exportée au Mexique.

Et les opportunités ne s’arrêtent pas là

La Turquie qui se retrouve avec une production tronquée de moitié est un gros exportateur de pommes pour l’Inde. Logiquement New Delhi devrait se tourner vers les États-Unis, autre fournisseur potentiel.
Mais cette année elle pourrait bien regarder ailleurs, car l’Inde aussi est engagée dans un bras de fer commercial avec Washington.

Pareil pour la Chine, qui a besoin de trouver des pommes cette année.
Rien n’est fait pour l’heure avec New Delhi et Pékin, mais "potentiellement, la pomme américaine pourrait perdre du terrain, on prend ça comme une opportunité", se réjouit Pierre Venteau.

Car la pomme française a des atouts. C’est la seule filière dans les fruits à être excédentaire tous les ans. Alors que "depuis 50 ans, presque toutes les cultures de fruits et légumes sont déficitaires", on en importe plus qu’on en produit, explique l’économiste aux chambres d’agriculture, Thierry Pouch. La pomme sait trouver des débouchés. "Elle a su s’imposer comme une pomme d’excellence, réputée à l’échelle mondiale, proposant de nombreuses variétés", affirme l’économiste. La France exporte plus de 300 000 pommes par an, principalement à ses voisins européens. Pour l’heure, elle est encore un tout petit fournisseur pour des pays comme la Chine.