Moteurs PureTech défectueux : la colère des usagers contre la plateforme d’indemnisation de Stellantis

Après des mois de négociations, les usagers de moteur PureTech défectueux ont obtenu de Stellantis la mise en place d’une plateforme d’indemnisation, opérationnelle depuis le 15 Janvier dernier. Seulement voilà, «c’est un véritable labyrinthe», dénonce Christophe Lèguevaques, avocat en charge d’une action collective contre Stellantis. Premier hic, «seuls les incidents survenus entre le 1er janvier 2022 et le 18 mars 2024 sont éligibles à une compensation financière». C’est notamment, la réponse qu’a obtenue Philippe Grepin, propriétaire d’un Peugeot 3008 avec moteur PureTech de la part de Stellantis. 

«La date de l’incident a été celle de la réparation effectuée au garage», accuse l’automobiliste. En réalité, sa courroie était hors service, depuis quelques mois. «Le temps de faire les devis, je n’ai eu qu’un rendez-vous de réparation en mai 2024, et impossible pour moi de prouver que j’étais déjà en relation avec une concession avant la date du 18 mars», ajoute-t-il. Même problème, pour Sebastien Czerniak fondateur d’un groupe Facebook d’usagers de moteur PureTech. «Stellantis se montre amnésique pour ma panne survenue en 2020», abonde-t-il. 

Personne ne sera pris en charge, ils trouveront toujours une réponse.

une usagère de la plateforme

«Rien que leur communiqué de presse pour annoncer leur nouvelle politique d’indemnisation est malhonnête», enrage Sebastien Czerniak. Dans ce dernier, Stellantis appuie que «la satisfaction des clients est au cœur de ses valeurs». Pour le moment, du moins, c’est raté. «Personne ne sera pris en charge, ils trouveront toujours une réponse», se désole une usagère sur les réseaux sociaux. «Je pense aussi que cette plateforme ne sert qu’à assurer leur respectabilité, mais ils trouveront toujours un moyen de refuser nos demandes», ajoute un autre. 

Un parcours du combattant pour être indemnisé

La fameuse plateforme est, en outre «très difficile à utiliser», selon Christophe Lèguevaques. D’abord, il faut identifier le modèle exact de son modèle, car la prise en charge proposée par Stellantis varie en fonction. Ensuite, «le véhicule doit être couvert par l’extension de garantie  (10 ans / 175.000 km) à compter de la date de début de garantie», constate l’avocat. Ce parcours du combattant ne s’arrête pas là, témoigne-t-il, Stellantis exige «les factures détaillées» des trois dernières révisions du véhicule. À la fin du formulaire, il faut également démontrer que le diagnostic de la panne causée par le moteur PureTech a été réalisé dans le réseau agrée par Stellantis. 

En colère également, Gwénaëlle Lorgueilleux, propriétaire d’une voiture concernée, accuse Stellantis de jouer sur «l’ignorance des clients du droit de la consommation». Un problème que Christophe Lèguevaques veut prendre à bras-le-corps. «Imaginons que vous venez à bout du formulaire, pour recevoir l’argent, vous devrez accepter de signer un protocole transactionnel par lequel vous renoncez à toutes les autres réclamations», alerte l’avocat. Autrement dit, les préjudices moraux, financiers ou corporels ne seront pas pris en charge par Stellantis. Sebastien Czerniak, se désole par exemple, de l’absence d’indemnisation liée à la décote vertigineuse de sa Peugeot 3008 sur le marché de l’occasion. 

Vers le dépôt d’une plainte collective

Pour y remédier l’avocat de ces usagers, Christophe Lèguevaques compte déposer une plainte au 15 février, pour fraude, pratique commerciale trompeuse et mise en danger de la vie d’autrui. Son but, engager un bras de fer avec Stellantis, pour éviter «de revivre un scénario comme celui des respirateurs Philips». Face à des appareils défectueux , libérant des particules potentiellement cancérigènes, Philips avait dû indemniser ses victimes.

Et alors que les marchés financiers anticipaient une condamnation à hauteur de trois milliards de dollars, l’entreprise avait transigé avec les victimes pour un milliard de dollars seulement. «Je peux comprendre que des personnes endettées sortent rapidement du dossier, pour toucher un chèque via ce formulaire, mais je trouve indécent de profiter de cet état de faiblesse des consommateurs», conclut Christophe Lèguevaques.