Victoires de la musique classique : Julien Henric, « geek de la voix », nommé dans la catégorie révélation artiste lyrique

Victoires de la musique classique : Julien Henric, « geek de la voix », nommé dans la catégorie révélation artiste lyrique

Julien Henric est nommé dans la catégorie révélation artiste lyrique aux Victoires de la musique classique. JOEL SAGET / AFP

Le jeune ténor de 32 ans, qui a trouvé sa voie à 21 ans après des études d’ingénieur, fait partie des trois artistes sélectionnés aux côtés de la mezzo-soprano Floriane Hasler et de la soprano Julie Roset.

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Il n'est jamais trop tard pour commencer à chanter. Le parcours du ténor Julien Henric le prouve, lui qui, sans avoir grandi dans un milieu artistique, a trouvé sa voie à 21 ans après des études d'ingénieur. L'artiste de 32 ans fait partie des trois chanteurs lyriques nommés dans la catégorie révélation artiste lyrique aux Victoires de la musique classique, qui auront lieu le 5 mars à l'Opéra de Rouen, aux côtés de la mezzo-soprano Floriane Hasler et de la soprano Julie Roset.

Il est aujourd'hui l’invité de plusieurs grandes salles telles que l'Opéra de Paris, le Théâtre des Champs-Élysées, les philharmonies de Cologne et Hambourg ou encore le Gran Teatre del Liceu de Barcelone. Il s'est aussi produit dans plusieurs festivals, entre Aix-en-Provence, Ravenne (Italie), et Salzbourg (Autriche).

Pourtant, « à 21 ans, je termine des études en génie civil, je suis diplômé ». Avec un « forfait à 60 heures par semaine comme ingénieur, j'étais parti pour avoir une vie très rangée », confie-t-il à l'AFP. « Mais je me suis dit que je n'allais pas du tout aimer. Au fond de moi, autre chose avait envie de s'exprimer », ajoute le natif de Lyon. « Je n'avais pas un contexte familial ancré dans l'art en général, et dans la musique encore moins », précise ce fils d'un père ouvrier et d'une mère secrétaire.

Il trouve un petit boulot pour se payer une école de théâtre, où sa rencontre avec une professeur de chant est un déclic. « Je n'avais jamais spécialement chanté de ma vie, autrement que dans ma salle de bains ou au collège en cours de musique. La vie m'a lancé un grappin. »

« Geek de la voix »

Julien Henric entre ensuite au Conservatoire à rayonnement régional de Lyon, se retrouve à 21 ans, « en classe de solfège avec des enfants de 8 ans ». « Je ne savais même pas lire une clé de sol! » C'est aussi à ce moment qu'il met les pieds, pour la première fois, dans un opéra, côté spectateur. Il parvient à faire la formation en accéléré, puis entre au Conservatoire national de la même ville, dont il sort diplômé. Et démarre dans la foulée une carrière au sein du Jeune ensemble du Grand Théâtre de Genève. Le jeune professionnel est notamment lauréat du 1er Prix Mélodie française et du 3e Prix Opéra du Concours international de chant de Marmande en 2022.

Lui qui s'intéresse à « tous les répertoires », se définit désormais comme un « geek de la voix », à « écouter de l'opéra » de nombreuses heures, en passant en revue « tous les enregistrements possibles pour décortiquer le style, la langue, la diction ». Fait rare, l'artiste, qui mesure presque deux mètres, a été « doté par la nature, de cordes de ténor » alors qu'il a une taille correspondant davantage aux basses et barytons.

Cette saison, il interprète Don Jose dans Carmen, Laërte dans Hamlet, ou encore Ismaele dans Nabucco. Le rôle qui le ferait rêver ? « Werther (Massenet), pour son côté un peu poète torturé », pas tout de suite, mais d'ici ses « 40 ans ». « Ce qui est génial avec ce métier et le monde de la musique classique, c'est que ça se réinvente tous les jours, c'est sans fin », s'enthousiasme-t-il.