Il était le plus gros vendeur d’albums en France. Le rappeur Werenoi est décédé brutalement à l’âge de 31 ans, samedi. Dès 2023, Jérémy Bana Owona s’était imposé comme l’artiste ayant vendu le plus d’albums en France, selon les chiffres du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep). Une performance qu’il avait rééditée en 2024, devançant PLK, Indochine, Billie Eilish, Pierre Garnier ou encore Zaho de Sagazan. Mais pourquoi mesurer le succès d’un artiste à ses ventes d’albums, à l’heure où la plupart des Français écoutent de la musique en streaming ?

Depuis 2016, les écoutes en streaming - sur les plateformes type Spotify, Deezer ou Apple Music - sont comptabilisées dans les ventes d’albums. Mais une écoute ne vaut pas une vente. Il faut 1500 streams pour qu’une vente soit comptabilisée - jusqu’en 2018, c’était 1000 pour une vente. Ainsi, sur cette base, le total d’écoutes en streaming de tous les titres d’un album est converti en équivalent ventes, après avoir soustrait de ce total la moitié des streams du titre le plus écouté du disque. Et ce, afin d’éviter des manipulations des chiffres en concentrant les écoutes sur un seul titre.

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Les écoutes gratuites intégrées au calcul depuis 2024

Petite précision : tous les streams ne sont pas logés à la même enseigne. Depuis juillet 2024, le Snep intègre dans les ventes d’albums «le streaming audio et vidéo financé par la publicité (freemium)», soit les écoutes de personnes ne disposant pas d’abonnement payant à une plateforme. Jusque-là, seuls les streams issus d’offres d’abonnement (premium) étaient dénombrés. «Afin de tenir compte des différences de contribution de chaque format à l’économie de la musique enregistrée, le ratio retenu pour cette intégration sera de 7 streams freemium pour un stream premium», expliquait le Snep dans un communiqué publié fin juin 2024. On arrive donc à un total de 10.500 écoutes gratuites pour une vente.

Pour qu’un album soit disque d’or, il doit atteindre l’équivalent de 50.000 ventes. Soit 75 millions de streams. Pour un disque de diamant, cela monte à 500.000 équivalents ventes, soit 750 millions de streams.

Si, dans les classements des ventes d’albums, le streaming représente une part majoritaire, il ne faut pas oublier les ventes en téléchargement et, évidemment, les ventes physiques (en CD et vinyles). Mais même avec le ratio utilisé par le Snep, le streaming écrase tout.

En 2024, par exemple, si plus de 14 millions d’albums physiques ont été vendus en France, le volume d’écoutes de titres en streaming a atteint le chiffre colossal de 138 milliards. Dans le cas de Werenoi, Henri Jamet, le directeur général de Believe France, la maison de disques du rappeur, rapportait récemment au Figaro qu’«en trois ans de carrière, Werenoi [avait] vendu près d’un million d’albums en France dont 5% en physique».