"Ça devient invivable" : Clermont-Ferrand frappée par une vague de violences sans précédent
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.
Une banlieue en apparence tranquille, en apparence seulement. Mercredi 13 août à l'aube, à la lisière des quartiers nord de Clermont-Ferrand, les pompiers découvrent ici une voiture calcinée avec, sur la banquette arrière, un corps carbonisé. La même nuit, un peu plus loin, une fusillade. Pas de mort, mais un blessé et des habitants aujourd'hui exaspérés.
"J'ai entendu quatre coups de feu, j'étais par la fenêtre, j'ai vu un gars courir, c'est tout ce que j'ai vu. Ce n'est pas la première fois, c'est la deuxième fois que ça arrive", témoigne une habitante du quartier. Un père de famille s'inquiète : "Les enfants, ils ont peur, ils entendent des bruits et ça devient invivable".
Une violence également dans les quartiers résidentiels
Les quartiers nord ne sont pas les seuls touchés. La violence s'invite aussi dans les banlieues résidentielles. Deux maisons ont été incendiées volontairement dans l'une d'elle. Selon les enquêteurs, de probables règlements de compte sur fond de trafic de drogue. En seulement huit mois, dix fusillades et quatre morts sont liés aux stupéfiants à Clermont-Ferrand. Malgré des manifestations des habitants contre les trafiquants ici au printemps, mais depuis, rien ne semble avoir changé.
À peine arrivés dans un autre quartier, nous sommes repérés par les guetteurs. Ici, les dealers l'affichent sur les murs. Ils ont ouvert un "drive" de produits stupéfiants 24 heures sur 24. Juste à côté, un cabinet médical officie. "Ça gêne des patients qui hésitent à venir consulter. Ou qu'ils ne veulent pas venir le soir, tard", constate un membre du cabinet.
Des pertes économiques dues au climat d'insécurité
Autre problème, à l'étage, une partie des locaux est désespérément vide. Les dentistes sont partis, aucun professionnel ne veut s'installer au milieu des dealers. "Aucun (candidat pour venir dans le cabinet). Dès qu'ils savent que c'est du quartier de la Gauthière, ils disent non", regrette le Dr François Pons. Ce médecin assure ne pas être menacé par les trafiquants. Ce qui l'inquiète, ce sont les finances de la maison médicale. "Là, actuellement, on perd 3 000 euros par mois (à cause des locaux vides). C'est décourageant. Il est vrai qu'il y a certaines nuits où l'on dort mieux que d'autres", affirme-t-il.
Pour la police, Clermont-Ferrand fait face à une guerre de territoire, à une rivalité entre trafiquants. "Ce ne sont pas forcément des locaux. Le problème, c'est que ce sont des gens d'extérieur qui viennent et qui essaient de s'approprier un des points", décrit Marlène Hostache, secrétaire départementale Alliance Police Nationale Puy-de-Dôme. Sollicité, le parquet de Clermont-Ferrand n'a pas souhaité commenter.