Guerre à Gaza : Berlin justifie sa politique envers Israël devant la CIJ

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Berlin se défend. L'Allemagne a déclaré mardi 9 avril devant la plus haute juridiction de l'ONU que la sécurité d'Israël était "au cœur" de sa politique étrangère et rejeté les accusations portées par le Nicaragua selon lesquelles Berlin faciliterait un "génocide" à Gaza.

Face à la situation dans la bande de Gaza, théâtre d'une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, le Nicaragua a intenté une action en justice contre l'Allemagne devant la Cour internationale de justice (CIJ), qui siège à La Haye, dénonçant son soutien militaire au gouvernement israélien.

Le pays d'Amérique centrale soutient que l'Allemagne viole la Convention des Nations Unies sur le génocide de 1948, établie à la suite de l’Holocauste, en fournissant des armes à Israël.

"Notre histoire est la raison pour laquelle la sécurité d'Israël a été au cœur de la politique étrangère allemande", a déclaré Tania von Uslar-Gleichen, représentante de l'Allemagne devant la CIJ.

"L'Allemagne rejette fermement les accusations du Nicaragua. Elles n'ont aucun fondement en fait ou en droit", a-t-elle ajouté.

Fourniture d'armes et autres aides

Managua s'en prend à l'Allemagne plutôt qu'aux États-Unis, principal allié d'Israël, car Washington ne reconnaît pas la compétence de la cour, ont expliqué les avocats du Nicaragua.

Ce pays demande à la juridiction d'imposer des ordonnances d'urgence pendant qu'elle examine l'affaire dans son ensemble. Managua demande notamment aux juges d'ordonner à Berlin de cesser de fournir des armes et d'autres aides à Israël.

L'audience devant la Cour internationale de justice, le 8 avril 2024 à La Haye (Pays-Bas).
L'audience devant la Cour internationale de justice, le 8 avril 2024 à La Haye (Pays-Bas). © Robin van Lonkhuijsen, AFP

Les décisions de la CIJ sont contraignantes mais elle ne dispose pas de mécanisme d'application. Elle a par exemple ordonné à la Russie de mettre fin à son invasion de l'Ukraine, en vain.

Le Nicaragua a critiqué lundi l'Allemagne pour son soutien à Israël, jugeant "pathétique" de donner des armes au gouvernement israélien tout en fournissant simultanément de l'aide à Gaza, une présentation jugée "grossièrement biaisée" par Berlin.

"L'Allemagne ne fournit des armes que sur la base d'un examen minutieux qui dépasse de loin les exigences du droit international", a souligné Tania von Uslar-Gleichen.

Cette fourniture d'armes et d'autres équipements militaires à Israël est "soumise à une évaluation continue de la situation sur le terrain", a-t-elle ajouté.

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"Ancrée dans le droit international"

"L'action de l'Allemagne dans ce conflit est fermement ancrée dans le droit international", a-t-elle insisté.

"En ce qui concerne l'aide humanitaire, l'Allemagne continue de fournir un soutien humanitaire (à Gaza) chaque jour dans des conditions extrêmement difficiles", a déclaré un autre représentant de l'Allemagne, Christian Tams.

Tania von Uslar-Gleichen (à gauche), représentante de l'Allemagne, lors d'une audience devant la Cour internationale de justice, le 8 avril 2024 à La Haye (Pays-Bas).
Tania von Uslar-Gleichen (à gauche), représentante de l'Allemagne, lors d'une audience devant la Cour internationale de justice, le 8 avril 2024 à La Haye (Pays-Bas). © Robin van Lonkhuijsen, AFP

"Dès qu'on y regarde de plus près, les accusations du Nicaragua s'effondrent", a-t-il déclaré aux juges.

La CIJ a été créée pour trancher les différends entre nations et est devenue un acteur clé dans la guerre entre Israël et le Hamas.

Dans une autre procédure, l'Afrique du Sud accuse Israël de perpétrer un génocide dans la bande de Gaza, ce que le pays nie avec véhémence.

Dans cette affaire, la cour a appelé Israël à faire tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher tout acte de génocide et a récemment durci sa position, ordonnant des mesures supplémentaires obligeant Israël à accroître l'accès à l'aide humanitaire.

La bande de Gaza est le théâtre d'une guerre dévastatrice entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre, entraînant la mort de 1 170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des chiffres officiels israéliens.

Des immeubles détruits par des frappes israélienns à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 avril 2024.
Des immeubles détruits par des frappes israélienns à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 avril 2024. © AFP

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 sont toujours détenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré de "détruire" le mouvement islamiste et lancé une vaste offensive qui a fait jusqu'à présent 33 207 morts, en majorité des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Avec AFP

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