Le Boracay, navire de la « flotte fantôme » accusé de contourner les sanctions contre Moscou, est au centre d’une enquête ouverte par le parquet de Brest. Il est également cité dans une enquête au Danemark après des survols suspects de drones.
Passer la publicité Passer la publicitéUn imposant pétrolier de 244 mètres, le Boracay,également connu sous les noms de Pushpa ou Kiwala, est depuis plusieurs jours à l’ancre près des eaux territoriales françaises, au large du parc éolien de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Parti du port russe de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg, le 20 septembre, le navire est désormais au centre d’une enquête ouverte par le parquet de Brest, rapporte Reuters.
Selon la Marine nationale, l’équipage n’a pas été en mesure de fournir des documents attestant de la nationalité du navire ni de se conformer aux instructions des autorités françaises. « Une enquête est en cours car il y a suspicion d’une violation de la loi », a indiqué Guillaume Le Rasle, porte-parole de la flotte française en Atlantique, à la chaîne danoise TV 2.
Passer la publicitéLe Boracay, construit en 2007, figure sur les listes de sanctions de l’Union européenne et du Royaume-Uni. Bruxelles le soupçonne de transporter du pétrole brut et des produits pétroliers russes en ayant recours à des « pratiques maritimes irrégulières et à haut risque ». Londres accuse le navire d’avoir participé à des activités visant à « déstabiliser l’Ukraine » ou à soutenir le gouvernement russe dans son commerce pétrolier, rapporte Berlingske, un journal basé à Copenhague.
Des liens avec l’incursion de drones au Danemark
Comme de nombreux navires de la « flotte fantôme » constituée par la Russie, le pétrolier navigue sous des identités changeantes, avec des propriétaires et des assureurs opaques. Cette flotte clandestine s’est développée depuis le début de la guerre en Ukraine afin de contourner l’embargo sur le pétrole russe.
L’affaire prend une dimension plus sensible encore. Le nom du Boracay apparaît en effet dans une enquête menée par les autorités danoises après une série d’incidents survenus entre le 22 et le 25 septembre, raconte B.T, un autre quotidien danois. Plusieurs aéroports, dont ceux de Copenhague et d’Aalborg, ont été contraints de fermer temporairement leur espace aérien en raison de survols de drones non identifiés.
Selon la presse danoise, ce pétrolier russe avait alors traversé les eaux danoises. Des précédents existent : en Allemagne, un navire de la flotte fantôme avait déjà été soupçonné d’avoir servi de base de lancement pour des drones observés près d’infrastructures stratégiques.
« Difficile d’imaginer un autre acteur que la Russie»
Jacob Kaarsbo, ancien analyste en chef du renseignement militaire danois, a déclaré au quotidien Berlingske qu’il était « difficile d’imaginer un autre acteur que la Russie ayant la capacité et l’intention » de mener de telles opérations.
Passer la publicitéSuivi par un bâtiment de guerre français alors qu’il longeait les côtes bretonnes, le Boracay a modifié sa trajectoire en se dirigeant vers l’est, jusqu’à mouiller au large de la Loire-Atlantique. Les autorités françaises se refusent pour l’heure à préciser si l’enquête ouverte à Brest est directement liée aux incidents de drones au Danemark.