Schwarzenegger éreinte la gauche et la droite américaine : « s’ils faisaient leur travail, rien de tout ça n’arriverait »
« Si les politiciens faisaient leur travail, rien de tout ça n’arriverait. » En une phrase, Arnold Schwarzenegger résume ce que d’aucuns pensent à Los Angeles. L’ex-gouverneur républicain, invité mercredi sur le plateau de l’émission de Jimmy Kimmel, dénonce l’inaction politique face à la crise migratoire, pendant que les actions police traquant les sans-papiers indignent les stars de Hollywood.
« Vous vous souvenez quand vous étiez gouverneur, tout le monde semblait plus heureux », lance Jimmy Kimmel à Arnold Schwarzenegger, invité mercredi soir de son émission sur ABC. L’acteur et ancien gouverneur de Californie, toujours aussi direct, réplique avec humour : « Peu importe où je vais, les gens sont heureux. Je suis une personne positive et j’essaie d’arranger les choses. » Mais très vite, le ton se fait plus grave face aux tensions actuelles : « Je suis républicain (...) mais je suis très frustré parce que nous avons envoyé ces politiciens à Washington pour résoudre les problèmes mais au lieu d’être des fonctionnaires ce sont des serviteurs du parti. »
Une réforme de l’immigration ?
L’échange, capté en plein cœur d’une nouvelle vague de tensions autour de l’immigration à Los Angeles, résonne comme un coup de semonce. Pour Schwarzenegger, républicain modéré, les responsabilités sont partagées entre les deux grands partis : « Depuis des décennies, on parle de réforme de l’immigration. Mais ni les démocrates, ni les républicains ne veulent vraiment la résoudre, car ils s’en servent pour lever des fonds. »
Alors que des descentes de l’agence fédérale ICE (Immigration and Customs Enforcement) suscitent des manifestations dans plusieurs quartiers de Los Angeles, l’ex-gouverneur se veut pragmatique : « Une réforme de l’immigration répondra à tous ces problèmes (...) C’est une honte. Nous avons un pays qui a besoin de travailleurs, et des gens qui veulent travailler au sud de la frontière. Faisons-le de manière légale. »
Hollywood se lève contre les méthodes de Trump
En écho à cette prise de parole, les voix s’élèvent à Hollywood. Los Angeles, cœur de l'industrie cinématographique américaine, abrite de nombreuses stars. Traditionnellement démocrates, ces «riches et célèbres» dénoncent la politique anti-immigration de Donald Trump et l'envoi de troupes. De nombreuses célébrités ont dénoncé le décalage entre les déclarations de Donald Trump affirmant que sa politique vise des criminels dangereux et les opérations semblant cibler des travailleurs journaliers et des ouvriers d'usine.
L’actrice Eva Longoria, star de la série Desperate Housewives, a jugé que les descentes visant les clandestins étaient «contraires aux valeurs américaines ». «C’est tellement inhumain, difficile à regarder, c’est dur, dur à observer de loin, je ne peux pas imaginer ce que c’est que d’être à Los Angeles en ce moment,» a-t-elle écrit, là encore sur Instagram. Ces manifestations sont la conséquence « du manque de procédure régulière pour les immigrés respectueux des lois et payant leurs impôts, qui font partie de notre société depuis très longtemps », a-t-elle ajouté, alors que de nombreux migrants restent de très longues années dans la clandestinité.
Pour Kim Kardashian, l’Amérique prospère avec l’immigration
« Quand on nous dit que ICE (Immigration and Customs Enforcement) existe pour maintenir la sécurité de notre pays et se débarrasser des criminels violents, très bien », a écrit Kim Kardashian, native de Los Angeles et star de la télé-réalité, sur les réseaux sociaux. « Mais quand on voit des innocents, des travailleurs arrachés à leurs familles de manière inhumaine, nous devons nous exprimer, estime l'influenceuse milliardaire quadragénaire. Ayant grandi à Los Angeles, j'ai vu à quel point les immigrés sont profondément enracinés dans le tissu de cette ville. Ils sont nos voisins, amis, camarades de classe, collègues et famille. Peu importe où vous vous situez politiquement, il est évident que nous prospérons grâce aux contributions des immigrés. »
La rappeuse Doechii, dans son discours d'acceptation du prix de la meilleure artiste hip-hop féminine lors des BET Awards dimanche, a, elle, dénoncé des « attaques impitoyables qui créent la peur et le chaos dans nos quartiers au nom de la loi et de l'ordre. Trump utilise les forces armées pour arrêter une protestation ». L'interprète du tube Anxiety plaide pour que « tout le monde vive dans l'espoir et non la peur ».
« L’Amérique s’en sortira toujours »
Le musicien et producteur Finneas O’Connell, lauréat de Grammy et d’Oscar, célèbre pour ses collaborations avec sa sœur Billie Eilish et son travail sur la bande originale du film Barbie, a rapporté avoir été pris dans les heurts, dénonçant sur Instagram l’action de la police. « Je me suis fait presque instantanément gazer lors d’une manifestation très pacifique dans le centre-ville, ils incitent à cela », a écrit le natif de Los Angeles.
Malgré l’indignation des stars de Hollywood, Arnold Schwarzenegger refuse de céder au fatalisme. S’il fustige le manque de clairvoyance de la classe politique américaine dans son ensemble, il continue de croire en la résilience de son pays : « Je suis arrivé ici en 1968, c’était un désastre. Martin Luther King a été assassiné, Kennedy aussi, il y avait la guerre du Vietnam, le Watergate… et nous nous en sommes sortis. L’Amérique s’en sortira toujours. »