Couvre-feu à Viry-Châtillon : "à 13 ans, un jeune ne doit pas traîner dans la rue, c'est une question de sécurité pour lui et pour son entourage", estime le maire

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À Viry-Châtillon (Essonne), le maire, Jean-Marie Vilain, a instauré un couvre-feu entre 22 heures et 6 heures pour les moins de 13 ans.

France Télévisions : Après 7 ans, quel bilan en dressez-vous sur votre commune ? Est-ce que cette mesure est efficace ?

Jean-Marie Vilain : La décision de mettre en place ce couvre-feu a fait l'objet surtout d'un ensemble de décisions concernant l'été. Pour la période estivale, plusieurs arrêtés sont pris par la mairie, pour les épiceries, pour qu'elles ferment à 22 heures, pour empêcher la vente d'alcool à partir de 21 heures, pour interdire de fumer la chicha dans les rues, de faire des barbecues, etc.

Cet arrêté a été pris tout simplement parce qu'à l'occasion de réunions ou d'événements qui pouvaient se terminer un peu tard le soir, on se rendait compte qu'on pouvait croiser de très jeunes enfants qui erraient ou qui traînaient dans les rues de Viry et, personnellement, en tant que père, j'ai été interpellé et j'étais inquiet de ce que ça pouvait représenter, qu'un jeune puisse être seul dans les rues de Viry et pouvoir éventuellement en subir les conséquences, que ce soit par le biais d'une bagarre, par le biais d'une mauvaise rencontre. Je crois que tout un chacun, tous les parents ou pratiquement tous les parents savent bien qu'un jeune à partir de 13 ans n'est pas prêt à subir la loi de la rue, on va dire, ou l'école de la rue. Pour moi, c'est une mauvaise école. Je ne crois pas du tout qu'on puisse apprendre quelque chose à 22 heures pour un gamin de 13 ans. Donc ce qui m'importe, moi, c'est de les mettre en sécurité et de rappeler aux parents que leur rôle, c'est aussi de s'en occuper. Nous avons des actions, nous avons des animations qui sont prévues pendant tout l'été pour les jeunes. Mais je pense qu'à 13 ans, un jeune ne doit pas traîner dans la rue, c'est une question de sécurité pour lui et pour son entourage.

France Télévisions : Ce que vous nous expliquez, c'est que vous n'êtes pas dans la même situation que les communes qu'on a citées précédemment, comme Béziers, par exemple, ou encore Nîmes, qui instaure à partir de ce soir un couvre-feu pour lutter, faire face à des violences urbaines qui se multiplient depuis quelques semaines. Vous, en tout cas, ce n'est pas la situation que vous avez sur votre commune.

Jean-Marie Vilain : Ce n'est effectivement pas la démarche que nous avons eue il y a maintenant sept ans lorsque nous avons pris pour la première fois cet arrêté. Je comprends quand même ces maires qui subissent de grosses violences ou de grosses dégradations, comme vous pouvez le voir sur vos images. Il y a un moment donné, il faut aussi prendre des décisions. [La question] de prendre cet arrêté pour des jeunes qui seraient un petit peu plus âgés s'est posée, y compris à Viry-Châtillon, parce qu'on peut se dire qu'effectivement, ce ne sont pas les jeunes de moins de 13 ans qui font des dégâts, mais plutôt ceux qui sont plus vieux. Là, en l'occurrence, c'est moi, c'est une question de sécurité pour les moins de 13 ans, ce qui ne veut pas dire pour autant que la question ne se pose pas pour des plus âgés.

France Télévisions : Vous envisagez donc aujourd'hui peut-être d'élargir ce couvre-feu à des moins de 16 ans ou moins de 18 ans, comme on l'a vu par exemple à Monts-sur-Guesnes ?

Jean-Marie Vilain : Alors non, parce qu'on s'est posé la question au sein de la majorité municipale. Et ce que l'on souhaite aussi, c'est que cette minorité de jeunes qui peuvent éventuellement faire des dégâts, parce que ça reste une minorité, et que ça soit dans d'autres communes, je crois que c'est la même chose. Malheureusement, c'est une minorité qui fait des dégâts et qui fait qu'une majorité des jeunes ne peuvent plus avoir des activités normales pendant les vacances. Nous avons un cinéma municipal. Je me vois mal dire à des jeunes de 16, 17 ans : "Vous ne pouvez pas aller à la séance de 20 heures ou de 21 heures parce que j'ai pris un arrêté." Je préfère qu'ils puissent le faire, et je les préfère sur un terrain de foot en train de jouer, en train de faire du sport plutôt qu'en train de se taper dessus. Donc, c'est compliqué de faire cette limite, à quel moment on peut aller jusqu'au bout vis-à-vis de ces jeunes. Moi, je fais le pari de pouvoir leur laisser des activités agréables pendant tout l'été, parce que ce n'est déjà pas facile pour certains de ne pas partir en vacances, donc j'essaie moi d'allier ces deux contradictions.

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