Nouvel épisode dans la longue litanie des tensions qui opposent la France à l’Algérie. Une directive émise le 13 mars dernier par la direction des ressources humaines du ministère algérien des Affaires étrangères, citée par Le Monde , interdit «tout déplacement à caractère touristique ou personnel vers la France pour les diplomates ainsi que pour leurs familles.»
Le document dévoilant cette interdiction, qui circule sur les réseaux sociaux, s’applique également aux voyageurs en transit via «les aéroports français», et insiste sur «l’importance de ces mesures et procédures de précaution». «Toute infraction à cette interdiction pourrait entraîner des sanctions disciplinaires», indique de son côté le quotidien électronique Le Matin d’Algérie.
Riposte graduée
Cette interdiction fait suite aux mesures restrictives décidées par Bruno Retailleau contre les détenteurs de passeports diplomatiques algériens. À la mi-février, Abdelaziz Khellaf, l’ancien directeur de cabinet de la présidence algérienne, avait été interdit d’entrée en France avec son épouse pour absence de justificatifs. Selon les médias algériens, il n’aurait pas présenté d’attestation d’assurance ni de certificat d’hébergement. Début mars, la femme de l’ambassadeur d’Algérie au Mali, en arrivant à l’aéroport de Roissy, s’était également vue interdite d’entrée sur le territoire français pour «absence de justificatifs de ressources financières».
Ces refoulements s’inscrivent dans le cadre de la «riposte graduée» voulue par le ministre de l’Intérieur contre l’Algérie après que le pays a refusé la liste, fournie par Paris, de noms d’une soixantaine d’Algériens à expulser. La feuille de route de cette riposte en question, révélée par Le Figaro , citait notamment une restriction plus large du nombre de visas accordés ou encore l’élargissement de la liste de personnalités algériennes dont les avantages de passage aux frontières ont été suspendus.
«La réponse graduée permet de dire “nous ne sommes pas l’agresseur”», avait martelé Bruno Retailleau à cet effet le 17 mars dernier. «Nous avons commencé à la mettre en œuvre avec la suspension des facilités à la nomenklatura algérienne», avait ajouté le ministre sur Sud Radio, évoquant la « remise en cause des accords de 2007 » qui permettent aux détenteurs de passeports diplomatiques de ne pas avoir besoin de visa.
Le torchon brûle entre l’Algérie et le Maroc depuis juillet 2024, date à laquelle le président de la République Emmanuel Macron avait déclaré que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Offensée par cette déclaration, l’Algérie, soutien historique des indépendantistes du Front Polisario et rival régional du Maroc, avait riposté par le rappel de son ambassadeur à Paris. Depuis, la crise n’a cessé de s’aggraver, marquée par l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en novembre et sa condamnation le 27 mars dernier à cinq ans de prison et 500 000 dinars (3470 euros) ou les arrestations en chaîne d’influenceurs franco-algériens appelant à la haine contre les opposants au régime du président Abdelmajid Tebboune.