En Italie, deux jours de référendum pour raccourcir le délai d'accès à la citoyenneté
Les Italiens sont invités à se prononcer dimanche 8 et lundi 9 juin par référendum sur une mesure visant à faciliter l'obtention de la nationalité. Actuellement, un résident non-européen, sans lien de mariage, ni de sang avec l'Italie, doit justifier de dix ans de vie dans le pays avant de pouvoir demander la naturalisation, un processus qui peut ensuite prendre des années. La proposition est de réduire ce délai à cinq ans, ce qui alignerait l'Italie sur l'Allemagne et la France.
La différence serait énorme pour des millions de personnes. Lorenzo, par exemple, né il y a 20 ans, en Italie. "J'ai grandi ici, je pense, j'aime, je vis en italien", lance-t-il. Mais ses parents sont roumains. Pour lui, qui rêve de politique, impossible de voter aux élections nationales ou d'accéder aux concours publics. Et encore : la Roumanie est dans l'Union européenne, les délais sont plus courts pour obtenir le passeport.
Pour Khaled, 28 ans, ingénieur arrivé d'Égypte il y a 13 ans avec une bourse d’études, c'est plus difficile. "La différence, c'est la liberté de mouvement, explique-t-il, et la possibilité d'être traité comme tes collègues à l'école ou à l'université". Car les dix ans de présence continue obligatoire en Italie compliquent le moindre séjour à l'étranger. Cette mesure, et le temps nécessaire à la bureaucratie italienne pour traiter les dossiers, expliquent que Khaled vient tout juste d'obtenir son passeport.
Plus de cinq millions d’étrangers
La loi actuelle remonte à l'époque où ceux qu’on appelait "les ritals" émigraient. Le droit du sang permettait de garder un lien. Aujourd’hui, avec plus de cinq millions d’étrangers, l'Italie est aussi un pays d’arrivées. "Ils sont pleinement insérés dans l'économie, à l'école, dans le monde de l'art, du sport, constate Michele Colucci, historien de l’immigration.
"Il y a une contradiction entre cette présence structurelle et une classe dirigeante qui la considère toujours comme une anomalie."
Michele Colucci, historien de l’immigrationà franceinfo
L'initiative de ce référendum, venue de partis d'opposition et d'ONG, avait recueilli plus de 500 000 signatures en septembre dernier, comme l'exige la loi. Les partis de la majorité Meloni appellent à l’abstention, et la Première ministre, cheffe du parti Fratelli d'Italia (FDI, extrême droite), arrivée au pouvoir en 2022 sur un programme anti-migrants, est "absolument contre". S'il y a moins de 50% de participation, la loi ne changera pas.