50ème anniversaire de la réunification du nord et du sud Viet Nam : la victoire définitive du peuple

Saïgon, 30 avril 1975. C’est la victoire de l’armée du front de la libération du sud Viet Nam et la réunification nationale ! La photo du char entant dans le Palais impérial, devenu le palais de l’Indépendance, avec le soldat Ngo Sy Nguyen hissant le drapeau du Front de la libération du Viet Nam du sud apparaît sur toutes les télévisions du monde.

C’est l’aboutissement de la lutte pour l’indépendance du Viet Nam dirigée par Ho Chi Minh depuis 1945. C’est la victoire définitive du peuple vietnamien réunifié sur les États-Unis et sur le colonialisme français

Cette guerre est appelée la plus longue du siècle ! On peut maintenant ajouter la première guerre écocide, c’est ainsi que l’a nommée un journaliste de France 3 et c’est vrai !

Et pourtant, elle aurait pu être évitée en 1946. Lors de la conférence de Fontainebleau Ho Chi Minh venu en France pour y participer, avait rencontré Maurice Thorez à Choisy-le-Roi, lieu de son habitation, pour lancer un ultime appel afin de trouver une solution pour inventer de nouveaux rapports avec la France et éviter la guerre.

Malheureusement ils n’ont pas été entendus.

Au lieu de cela il y a eu les bombardements de Haïphong en 1946, c’est la solution de force qui a prévalu. Nous connaissons la suite. 18 millions de litres d’agent orange ont été déversés sur les forêts, les cultures, les habitants, causant la mort et la mutilation de millions de personnes.

Au moment où j’écris, je viens de revoir sur Public Sénat, un reportage : « Hanoï sous les bombes ». Je me rappelle cette émission de François Chalais en janvier 1968. Elle avait ému et mobilisé l’opinion en France. J’ai ressenti la même indignation de revoir ces femmes et ces enfants, dans Hanoï bombardée, en ruines, entrer dans ces multiples petits abris ronds où chacun se glissait. Ce jour-là il y a eu 200 morts. Mais ce reportage montrait aussi ce jour-là un soldat tirer avec un mousqueton sur un avion bombardant à basse altitude, qu’il a abattu, son pilote sauvé est devenu célèbre.

Ce jour-là un journaliste demande à Phan Van Dong « Vous devez haïr les Américains ? » – « Non » répond-il « je ne confonds pas le peuple avec ses gouvernants ! »

C’est ce qu’a toujours proclamé, Ho Chi Minh qui faisait la différence entre les gouvernements français et le peuple qu’il ne tenait pas pour responsable de leur politique colonialiste.

Dans cette même période, Madeleine Riffaud, correspondante de guerre pour l’Humanité, envoie du maquis de l’armée populaire des reportages bouleversants.

Et pendant ce temps encore des manifestations monstres ont lieu en France en Europe

Cette guerre est historique parce que l’armée la plus puissante du monde, la plus sophistiquée, a dû abandonner l’idée de la victoire, le jour de la grande offensive du Têt en janvier 1968 et forcé le gouvernement français à s’asseoir à la table des négociations.

Et coïncidence incroyable le 13 mai 1968, alors que la jonction des manifestations des étudiants et des ouvriers avait lieu sur le Champs de mars sous la Tour Effel, les deux ministres des affaires étrangères vietnamiens et américains échangeaient la première poignée de main Avenue Kléber à Paris au Centre international des conférences !

En France, mais aussi en Europe, de grandes manifestations ont lieu contre cette guerre, avec des pancartes : « Paix au Viet Nam, Ho Chi Minh vaincra ! » C’est le moment où Jane Fonda revenant de Choisy-le-Roi où elle avait rencontré le ministre Xuan Thuy, organise devant la Maison Blanche, la plus grande manifestation contre la guerre du Viet Nam.

Je participais avec Louis Luc le 2 septembre 1978 à Hanoï, à la célébration du 3ème anniversaire de la réunification, avec la délégation de Choisy-le-Roi, qui avait participé bénévolement à l’accueil de la délégation du Nord Viet Nam pendant les discussions sur les accords de Paris de 1968 à 1973. Bien sûr il avait fallu organiser les meilleures conditions de travail Et surtout il fallait veiller à leur sécurité et celle de l’antenne (2 fois attaquée) qui reliait directement la délégation au gouvernement vietnamien à Hanoï. Mais ce qui comptait le plus, c’était que la solidarité s’exprime autour de la délégation pour qu’un grand nombre de délégations soient reçues, pour remettre les pétitions et exiger que les Américains signent rapidement ces accords.

Lorsque nous avons rencontré le 2 septembre le Général Giap, il nous a déclarés en nous serrant dans ses bras : » Nous avons gagné cette guerre par l’héroïsme de nos soldats, avec l’aide de l’Union Soviétique de la Chine et des combattants pour la paix du monde entier. Nous avons remporté la victoire car l’armée américaine n’avait pas, comme nous, des hommes et des femmes motivés et soutenus par la population ! Et pourtant elle avait des soldats plus nombreux et des armes les plus sophistiquées !

Avec la signature des accords de Paris le 27 janvier 1973, la guerre ne faisait plus rage au nord, mais les Américains exigeaient toujours que le Nord arrête son aide au Sud. J’entends encore nos amis Le Duc Tho et le ministre Xuan Thuy dire aux nombreuses délégations qui venaient les soutenir : Jamais nous ne céderons à l’exigence des Américains qui veulent que nous arrêtions d’aider nos frères du Sud !

Cette guerre si meurtrière, vue pour la première fois par les télévisions du monde entier, sert encore de référence aujourd’hui.

3 000 écoles détruites, 500 hôpitaux, des dizaines de milliers d’habitations ; sur 5 700 communes 4 000 ont été bombardées, sur 40 capitales de provinces 38 l’ont été aussi.
La leçon contemporaine dans ce monde où la guerre rôde sur tous les continents, c’est que la guerre ne règle pas les problèmes, elle les aggrave. Il faut une discussion pour trouver une solution équitable pour les deux parties, afin d’imposer la paix !

En 1978, j’ai vu le peuple avoir faim, avoir froid, dans la ville de Hanoï, noircie par les bombardements, avec de vieilles bicyclettes, des hôpitaux dépourvus de matériel et de médicaments. Et pourtant ce peuple travaillait avec la même énergie, qu’il avait mise pour gagner son indépendance !

Seule l’Union Soviétique continuait à apporter son aide, mais c’était à la veille de son écroulement.

En 1980 les États-Unis avaient décrété le blocus, les difficultés s’accumulaient et le pays était isolé, un choix s’imposait au Viet Nam.

Il décide une acceptation réaliste, qui signifiait l’intégration dans la mondialisation. Il a choisi alors le Doï Moï (renouveau), le départ de la prospérité, certes, au prix de difficultés et de contradictions.

Une fois de plus le Viet Nam a choisi sa route comme il l’a toujours fait.

La France a contribué à faire accepter par la banque mondiale de commercer avec le Viet Nam.

Le voyage de François Mitterrand en 1993 puis celui de Jacques Chirac ont contribué à briser cet isolement.

Des journalistes avaient prédit en 1975 qu’il faudrait 100 ans à ce pays pour occuper une place dans le monde.

Or, 50 ans après, le Viet Nam fait partie des 27 pays les plus puissants du monde. Il a atteint le stade du revenu intermédiaire Le congrès du PC s’oriente maintenant à construire un pays riche avec des salaires élevés en 2030, en développant toujours plus la science, en préservant la biodiversité en travaillant à la transition énergétique, en intéressant toujours plus l’ensemble du peuple avec sa jeunesse à ces projets pour arriver au socialisme vers les années 2045

L’unité nationale retrouvée a été un élément déterminant pour contribuer au développement national.
L’unité entre le Nord et le Sud avec les atouts économiques climatiques de chaque région, ainsi que l’aide aux ethnies lui a permis de devenir un pays à revenu intermédiaire. La raison en est que l’essentiel des richesses produites permet d’élever le niveau de vie du plus grand nombre

Lorsque je compare aujourd’hui l’état du Viet Nam depuis mon premier voyage en 1978, je constate un pays qui garde ses traditions et qui fait en même temps des pas de géants surprenants dans la science et la modernité.

C’est ce que le Président Macron a déclaré au secrétaire général du Parti communiste vietnamien au cours de sa réception à l’Élysée en mars 2018 en ces termes : « Vous avez effectué votre pèlerinage ce matin à Choisy-le-Roi, ville chère à votre pays, où séjournait votre délégation pendant les discussions des accords de Paris, je le comprends. Je veux vous remercier pour tout ce que votre gouvernement a fait pour le développement de votre pays et le bien-être de votre peuple, en vous inscrivant dans le développement par la science la modernité. Je veux aussi vous remercier pour votre contribution au maintien de la paix dans le Sud-Est asiatique et au-delà dans le monde.  Il ne fait pas de doute que les succès remportés après avoir gagné la guerre sont dus à la volonté de tout un peuple de nouer des relations avec les autres peuples, par l’intermédiaire de leurs ambassades. Aujourd’hui le Viet Nam a des relations diplomatiques avec pratiquement tous les peuples de la terre. C’est ainsi que des accords de libre-échange sont conclus avec 60 pays, des accords de partenariat stratégiques dans 8 pays, le Viet Nam étant le premier pays émergent à signer un tel accord. »

Le partenariat stratégique signé avec la France par le Président To Lam le 8 octobre 2024 avec le Président Macron, démontre une convergence d’intérêts, une vision commune fondée sur leur attachement partagé au respect de la charte de l’ONU, pour approfondir la coopération politique face aux défis internationaux, sur la base du respect du droit international, du respect par chaque partie de l’égalité, de la sauvegarde de l’indépendance, pour la paix, la sécurité, la stabilité en mer de Chine méridionale sur la base de la convention de l’ONU de 1982, et pour une paix juste et durable en Ukraine.

C’est dire que ce partenariat rehaussera et améliorera l’efficacité les échanges entre les 2 pays dans tous les domaines. Toutes celles et ceux qui sont attachés à la coopération avec le Viet Nam apporteront leur contribution

Quel contraste avec le président Trump qui prétend imposer des taxes de douanes de 46 % au pays auquel, avec sa guerre criminelle, les États-Unis ont causé tant de dégâts, de destructions, mais aussi causé la mort et le handicap de plusieurs millions de personnes par l’agent orange, qui tue encore. C’est indigne de la part d’un grand pays. Mais ce diktat des droits de douane n’empêchera pas les nombreuses sociétés françaises qui investissent au Viet Nam de continuer à le faire, car elles n’ont pas fait ce choix pour un gain immédiat mais pour établir une présence durable.

La France vient de célébrer les 50 ans de relations franco-vietnamienne. Les visites au plus haut niveau de dirigeants Vietnamiens et Français ont considérablement aidé à faire progresser nos relations, afin d’arriver au partenariat stratégique signé entre le Président Macron et le Secrétaire Général du PC To Lam le 6 octobre 2024. Avec le Président de l’Association d’Amitié Franco Vietnamienne (AAFV) Hai Nam Ngyen et une délégation, j’ai eu le privilège de le rencontrer. Avec mes amis de l’AAFV, nous sommes bien décidés à contribuer de toutes nos forces au succès de ce partenariat.

To Lam vient de déclarer : nous voulons atteindre un statut de pays en développement doté d’une industrie moderne et d’un revenu supérieur d’ici 2030 et devenir une nation socialiste développée à revenu élevé d’ici 2045. La visite d’Emmanuel Macron qui se rendra au Viet Nam les 25 et 26 mai et après la visite de To Lam en octobre 2024, renforcera la coopération.

Avec la visite du Président Macron, celle de To Lam en octobre 2024 la coopération doit se renforcer et devenir véritablement efficace. Après les visites du Président Larcher l’an dernier, celle des ministres de la défense, des transports et du commerce récemment, un nouveau départ est donné.

L’ambassadeur actuel de la France au Viet Nam, Olivier Brochet vient de préciser à un journaliste vietnamien la réalisation par la France de 80 infrastructures pour 17 millions de dollars afin de tisser des liens étroits entre les provinces, régions, et le réseau national et international, pour 17 millions de dollars pour catalyser un essor socio-économique global.

Il observe que la science, la technologie, l’innovation et la transformation numérique sont devenus les principaux moteurs du développement de tous les pays et que le Viet Nam marche dans cette dynamique. Il veut consacrer 2 % du PIB d’ici 2030.

Pendant les 30 dernières années des dizaines de milliers d’étudiants ainsi que 3 000 médecins ont été formés en France.

Olivier Brochet précise que la France est prête à collaborer dans le domaine de l’énergie nucléaire, trains à grande vitesse, des universités et instituts de recherche, startups…

Une année française de l’innovation se prépare au Viet Nam pour le développement de la science et des technologies. L’état a investi 109 millions de dollars pour l’intelligence artificielle. Il a également indiqué que la France s’engage en matière de formation, de transfert de technologie, pour la science et la technologie de développement durable, l’amélioration du cadre juridique, de la santé avec ses 3 instituts Pasteur.

Les amis si nombreux du Viet Nam, qui étaient à ses côtés dans les moments difficiles sont restés fidèles. Ils ont envie aujourd’hui avec de nombreux amis nouveaux, d’établir de nouvelles relations dans le cadre des échanges économiques, culturels, de l’éducation, du tourisme et échanges humains, jumelage de collèges et de lycées, etc. et ainsi arriver aux prochaines assises décentralisées qui se tiendront en France en 2027.avec un bilan important

Des groupes de travail se constituent dans les ministères pour faire rentrer dans la vie les décisions contenues dans le partenariat stratégique, les organisations d’élu(e) s y ont toute leur place.

Mais il ne dépend pas que des gouvernements qu’il se déploie dans toute son ampleur. Dans l’accord de partenariat il est spécifié que la coopération devra s’appliquer dans tous les ministères et dans tous les domaines avec le gouvernement, les assemblées parlementaires, régions départements, municipalités, associations, etc.

Les amis si nombreux du Viet Nam qui étaient à ses côtés dans les moments difficiles lui sont restés fidèles. Ils ont envie aujourd’hui avec de nombreux nouveaux amis d’établir de nouvelles relations dans tous les domaines.

Du jour où il a débarqué à Marseille à 17 ans cuisinier sur un bateau, Ho Chi Minh a voulu apprendre, comprendre et chercher la voie propre du Viet Nam en sillonnant la France et le monde. Il l’a trouvée avec ses compagnons de route, avec toujours en premier lieu la voie de la diplomatie avec les gouvernements des peuples, pour le peuple vietnamien, dans leur intérêt commun.

Aujourd’hui, plus que jamais peut-être, dans ce monde où la guerre raisonne sur tous les continents, il est indispensable de tracer la voie pour un monde où la coopération, le respect de chacun pour le bonheur de toutes et tous dans un monde en paix sera le moteur de l’histoire.

Avant de partir, une dernière chose…

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