Mer Rouge : deux morts après l'attaque toujours en cours d'un navire au large du Yémen

Un cargo attaqué lundi dans la soirée en mer Rouge au large du Yémen est "toujours encerclé" par ses assaillants, a indiqué, mardi 8 juillet, une agence de sécurité maritime, tandis qu'un représentant du Liberia a fait état, lors d'une réunion de l'Organisation maritime internationale (OMI) à Londres, de deux morts parmi l'équipage du navire battant pavillon libérien.

Le MV Eternity C a été attaqué au lendemain d'une attaque revendiquée par les rebelles yéménites houthis contre un autre cargo, le Magic Seas. L'attaque de lundi n'a pas été revendiquée par ces rebelles chiites qui sont soutenus par l'Iran.

Le vraquier "a subi d'importants dégâts et perdu toute capacité de propulsion. Il est toujours encerclé par de petites embarcations et fait l'objet d'une attaque permanente", a déclaré mardi l'agence UKMTO (United Kingdom Maritime Trade Operations), qui dépend de la marine britannique.

Bien que les Houthis n'aient à ce stade pas revendiqué s'en être pris au MV Eternity C, ces deux attaques successives font craindre que les rebelles, soutenus par l'Iran, ne reprennent leur campagne contre les navires passant au large du Yémen, en dépit d'un accord de cessez-le-feu conclu en mai avec les États-Unis.

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, puis des bateaux américains, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie à 21 mois de guerre entre Israël et le Hamas.

Ces actions ont poussé de nombreux armateurs à éviter cette zone par laquelle transite 12 % du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Avant l'annonce de la mort de "deux marins", l'agence de sécurité maritime britannique Ambrey avait indiqué que deux membres de l'équipage du MV Eternity C étaient blessés et deux autres portés disparus. On ne sait pas si les deux morts figurent dans ce bilan.

Ambrey avait précisé que le navire, attaqué au large du port de Hodeida, tenu par les rebelles, "correspondait au profil visé par les Houthis".  

Le secrétaire du Département des travailleurs migrants des Philippines, Hans Cacdac, a indiqué que 21 des 22 membres d'équipage étaient philippins. Les 22 personnes à bord du Magic Seas, qui a coulé selon les Houthis, ont elles été secourues lundi.

"Le message est clair"

L'attaque contre le Magic Seas, revendiquée par les insurgés yéménites, a été menée malgré l'accord de cessez-le-feu conclu avec les États-Unis, qui a mis fin à des semaines d'intenses frappes américaines contre les rebelles au Yémen.

Selon l'analyste Mohammed Albasha, du Basha Report Risk Advisory basé aux États-Unis, les Houthis pourraient vouloir confirmer leur capacité à agir, après la guerre de 12 jours déclenchée par Israël contre l'Iran, à laquelle se sont joints les États-Unis en bombardant des sites nucléaires iraniens.

"Cette attaque pourrait être un message subtil adressé à la fois à Washington et à Tel-Aviv, indiquant que les groupes alliés de l'Iran restent actifs et capables", a-t-il estimé. "Le message est clair : les Houthis ont toujours la capacité de perturber et choisissent soigneusement le moment d'agir."

En représailles aux attaques en provenance du Yémen, Israël a bombardé plusieurs sites houthis dans le pays, notamment le port de Hodeida et ses environs, ciblés à nouveau dimanche et lundi avant l'aube.

Lundi, les Houthis ont indiqué avoir riposté par des tirs de missiles en direction d'Israël. L'armée israélienne a dit avoir détecté deux missiles tirés depuis le Yémen.

En mai, les rebelles, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, pays en guerre depuis 2014, avaient averti qu'ils continueraient à cibler les navires israéliens ou liés à Israël, malgré la trêve avec les États-Unis.

Avec AFP