Incursion de drones au Danemark : cette "stratégie du moustique" révèle le scénario d’une opération de déstabilisation

Après Copenhague, de nouveaux drones ont survolé le ciel danois, mercredi 23 septembre, dans la soirée. Ils ont été repérés au-dessus de quatre aéroports du pays, dont l’un a dû fermer pendant plusieurs heures. Un engin a été détecté à Aalborg, dans le nord, d'où partent des avions civils mais aussi militaires. Les trois autres aéroports survolés se trouvent plus au sud, proches de la frontière allemande, dans la région qui abrite les chasseurs F16 et F35 danois pouvant être déployés pour l’Otan. Ces drones ont disparu du ciel danois sans être neutralisés. La police avait pourtant envisagé de les abattre, sans y parvenir.


Les incursions de drones se multiplient dans le ciel européen, et plus particulièrement sur le front Est de l’Otan. Des incursions de drones en Pologne, puis en Roumanie ont déjà été recensées, tout comme des passages de chasseurs russes dans l’espace aérien de l’Estonien. Cette répétition d’incidents, en l’espace de quelques jours seulement, interpelle forcément. L'origine de ces attaques ou ces provocations n'est pas toujours identifiée, mais le Kremlin est évidemment dans le collimateur. Certaines incursions ont eu lieu en marge de vastes attaques de drones sur l’Ukraine. C’est ce qui s’est passé en Pologne début septembre, puis en Roumanie il y a dix jours. Le 15 septembre, des bâtiments officiels et la résidence du président polonais ont à leur tour été survolés par de petits engins. Cette affaire a donné lieu à l’arrestation de deux ressortissants biélorusses.

Une riposte difficile à proportionner

Malveillance ou intimidations, les incidents mis bout à bout dessinent le scénario d’une opération de déstabilisation, avec ce qu’on pourrait appeler "la stratégie du moustique" : un bruit de fond pesant, quasi permanent, des cibles difficiles à chasser, et une riposte difficile à proportionner face à une menace jusqu’ici très limitée. Impossible de laisser ces appareils survoler des sites sensibles en toute impunité, même s’ils ne sont pas armés. Sauf qu’on n’abat pas des drones avec des Rafale ou des F16, efficaces pour protéger le ciel européen d’une offensive militaire, mais bien impuissants face à ces petits engins volants.

La stratégie met en lumière une vulnérabilité, et plus largement, ces opérations d’intimidation ont le don de crisper l’opinion et de mettre les gouvernements et les états-majors sur les dents. Tester les pays de l’Otan, chercher la moindre faille de sécurité et déstabiliser nos sociétés reste une stratégie ancienne et bien huilée du Kremlin, qui a fait de la guerre hybride sa spécialité.

Après les sabotages ou les ingérences, ces incursions répétées laissent planer une menace diffuse et provoquent déjà un déploiement militaire conséquent le long d’un nouveau rideau de fer, qui s’étend de la mer Noire à la Baltique.