Israël déclare Gaza-ville "zone de combat dangereuse" et dit avoir ramené les corps de deux otages

Sans pour autant appeler la population à évacuer immédiatement, l'armée israélienne a déclaré vendredi 29 août "zone de combat dangereuse" la ville de Gaza. Une annonce qui intervient en préparation d'une offensive d'envergure pour s'emparer de ce qu'elle considère comme le dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien dévasté par la guerre.

Les forces israéliennes ont dans le même temps poursuivi leurs bombardements à travers la bande de Gaza assiégée, y compris sur la ville éponyme, le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, faisant état d'un bilan de 55 morts.

"À partir d'aujourd'hui, à 10 h (7 h GMT), la pause tactique dans l'activité militaire ne s'appliquera pas à la zone de la ville de Gaza, qui constitue une zone de combat dangereuse", a indiqué l'armée.

Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire où la guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

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"Je dois abandonner ce qui reste de ma maison"

Des camions et des voitures surchargés de matelas, de chaises et d’effets personnels ont quitté le gouvernorat incluant la ville de Gaza et ses environs, où vivent près d'un million de personnes selon les estimations de l'ONU.

"C'est la cinquième fois que je suis déplacé depuis le début de cette guerre sans fin et aujourd'hui, une fois encore, je dois abandonner ce qui reste de ma maison et de mes souvenirs", a déclaré à l'AFP Abdel Karim al-Damagh, un habitant de la ville.

Des Palestiniens déplacés fuient la ville de Gaza vers les zones sud de la bande de Gaza, le 28 août 2025.
Des Palestiniens déplacés fuient la ville de Gaza vers les zones sud de la bande de Gaza, le 28 août 2025. © Eyad Baba, AFP

Ces trois dernières semaines, Israël a intensifié ses bombardements aériens sur Gaza et multiplié les opérations en périphérie de cette ville, la plus grande du territoire en proie à la famine selon l'ONU.

"Entre 2 h 30 et 3 h du matin, ils ont soudain frappé avec des barils d'explosifs. Tous ceux qui ont été tués étaient des personnes déplacées du quartier de Zeitoun, de jeunes enfants et des femmes. C'est tragique", a indiqué Saqer Irhim, un habitant de la ville de Gaza.

"Près d'un million de personnes vivant dans le gouvernorat de Gaza n'ont pratiquement nulle part où aller, ni même les moyens de se déplacer", a déclaré Philippe Lazzarini, chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). "Si l'opération militaire se déroule au milieu de la population (...), ce sera un désastre total."

Une Palestinienne porte le corps d'un enfant tué dans une frappe, enveloppé dans un linceul blanc, à l'extérieur de l'hôpital Al-Chifa de la ville de Gaza, le 29 août 2025.
Une Palestinienne porte le corps d'un enfant tué dans une frappe, enveloppé dans un linceul blanc, à l'extérieur de l'hôpital Al-Chifa de la ville de Gaza, le 29 août 2025. © Bashar Taleb, AFP

Malgré des pressions croissantes, tant à l'international qu'en Israël, pour mettre fin à la guerre, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a affirmé vouloir poursuivre l'offensive dans la bande de Gaza pour en finir avec le Hamas et ramener tous les otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Les forces israéliennes "continuent de frapper le Hamas [et intensifient] les frappes dans la région de la ville de Gaza. Nous allons redoubler d'efforts dans les semaines à venir", a déclaré le chef d’état-major, le lieutenant général Eyal Zamir, dans une vidéo.

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Des otages "soumis aux mêmes risques"

"Nous prendrons soin des prisonniers [otages, NDLR] du mieux que nous pourrons, et ils seront avec nos combattants dans les zones de combats, soumis aux mêmes risques et aux mêmes conditions de subsistance", a averti un communiqué attribué à Abou Obeida, le porte-parole de la branche armée du Hamas, au sujet de l'offensive annoncée sur la ville de Gaza.

Vendredi, l'armée a indiqué avoir "ramené le corps d'Ilan Weiss et les restes d'un autre otage dont l'identité n'a pas encore été révélée, dans une opération dans la bande de Gaza".

Une affiche avec le portrait de l'otage israélien Ilan Weiss, dont le corps a été ramené en Israël, accrochée sur une place à l'extérieur du Musée d'art de Tel-Aviv, le 21 janvier 2025.
Une affiche avec le portrait de l'otage israélien Ilan Weiss, dont le corps a été ramené en Israël, accrochée sur une place à l'extérieur du Musée d'art de Tel-Aviv, le 21 janvier 2025. © AFP

Interrogée sur les opérations ayant fait 55 morts selon Mahmoud Bassal, l'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations des différentes parties. Israël interdit l'entrée des journalistes étrangers à Gaza et les médias internationaux s'appuient sur des journalistes locaux.

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Après avoir accusé Israël de perpétrer un génocide à Gaza, la Turquie a annoncé vendredi avoir fermé ses ports et son espace aérien aux navires et aux avions militaires et officiels israéliens.

Photo prise depuis une position près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza et montrant de la fumée s'élevant après une frappe israélienne sur le territoire palestinien, le 29 août 2025.
Photo prise depuis une position près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza et montrant de la fumée s'élevant après une frappe israélienne sur le territoire palestinien, le 29 août 2025. © Jack Guez, AFP

Avant la Turquie, le Royaume-Uni a affirmé qu'"aucune délégation gouvernementale israélienne ne sera invitée à participer au DSEI UK 2025", un salon d'armement prévu début septembre, critiquant la poursuite de l'offensive israélienne à Gaza. Israël a dénoncé "un acte délibéré de discrimination".

Le Hamas a appelé le monde à "intensifier les mesures punitives" contre Israël.

Avec AFP